Fanny Lye Deliver'd

En 1650 en Angleterre, Fanny, une mère subissant silencieusement son mariage oppressif, voit sa vie et son foyer bouleversés par la découverte d’un couple de fugitifs, nus, dans sa grange... 

Après onze ans d’absence, Thomas Clay (The Great Ecstasy Of Robert Carmichael) vient dynamiter le cinéma historique en écrivant, réalisant et montant ce galvanisant Fanny Lye Deliver’d dont il compose également la musique – interprétée sur instruments d’époque. De fait, si l’Angleterre du XVIIe siècle, plongée dans le puritanisme et les chasses aux sorcières, continue d’inspirer bien des réalisateurs, le spectacle est ici à mille lieues de la reconstitution poussiéreuse. Tout en restant méticuleux dans son authenticité, le cinéaste britannique se réclame nettement plus de ses compatriotes iconoclastes – à l’instar d’un Ken Russell – qui envisagent l’Histoire comme un outil moderne, un miroir subversif du contemporain. Très frontal dans sa représentation du sexe et de la violence, Fanny Lye Deliver’d raconte un affranchissement à travers un discours on ne peut plus actuel sur le patriarcat et le moyen de s’en libérer. Le grain de sable qui enraye la machine ? Des Adam et Ève blasphématoires qui se réfugient dans le foyer de Fanny (éblouissante Maxine Peake) et lui ouvrent les yeux sur la vie. Tourné en 35mm, photographié par Giorgos Arvanitis, le chef opérateur de Theo Angelopoulos, ce Fanny Lye Deliver’d se révèle, bien plus qu’un thriller nerveux, un passionnant western féministe au pays des quakers.