La Cinémathèque du documentaire par la Bpi - Hiver 2026

Cette programmation propose une exploration des cinémas documentaires baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) des années 1960 au début des années 1990, avec une brèche contemporaine ménagée pour Laila Pakalniņa. Ce choix résonne avec les tensions géopolitiques actuelles de ces pays frontaliers d'une Russie toujours tentée par la reconstitution de son "empire".

"Nous avions des caméras et du temps", résume le chef opérateur et cinéaste Ivars Seleckis. Après la déstalinisation de 1956, des brèches s'ouvrent : le cinéma retrouve subjectivité et expérimentations formelles. La réalité artistiquement documentée remplace les grossières fictions de propagande. Il s’agit ici de marier "poétique" et "documentaire", façon de tordre le cou à un cliché tenace : non, la poésie n'est pas l'apanage de la fiction! Ensuite, ces œuvres ont émergé au sein du système soviétique, sous contrainte et surveillance des studios documentaires en URSS. 

Dans les films de la rétrospective, les images se déploient dans une grande virtuosité, le montage hérite des avant-gardes tout en glissant vers la contemplation. Ces poétiques portent une dimension authentiquement politique puisqu’elle est en quête d'un cinéma libéré de la langue du pouvoir, mettant ainsi en tension art et idéologie – autre écho troublant avec notre présent.