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    • JEU 26 AVRIL 2012 À 19:00

    La Master class de Bertrand Blier

    Bille en tête. C’est ainsi que Bertrand Blier attaque ses films. “Bonjour, je suis votre cancer”, voilà comment Albert Dupontel se présente à Jean Dujardin au début du Bruit des glaçons, dernier film en date de ce jouisseur des mots, dynamiteur de conventions, expert en provocations déguisées ou non. “Hitler, connais pas !”, proclamait déjà sa première réalisation, qui filmait dans les rues les jeunes de 1963. Débuts inattendus pour un homme de plume, formé à l’humour et à bien d’autres vices encore par un père immense comédien, ouverture singulière donnée à une carrière riche en coups d’éclat, en retournements de situations, en coq-à-l’âne, en contre-pied.

    Avec lui, les acteurs se montrent toujours à leur meilleur, certains qui avant de le rencontrer n’étaient encore que peu connus sont même devenus indispensables, Depardieu et Dewaere dans Les Valseuses, puis Préparez vos mouchoirs, Dewaere encore, embringué dans une histoire d’amour avec la fille de sa compagne (Beau-père), Depardieu toujours, raide dingue de Michel Blanc dans Tenue de soirée, marié à Carole Bouquet et amoureux fou de Balasko dans Trop belle pour toi, tant d’autres encore qui tous un jour sont entrés dans ce monde parallèle si étrange en apparence et qui en un instant devient si familier. Il n’est pas jusqu’à Alain Delon qui ne s’y soit aventuré, auquel l’auteur offrit le personnage de l’alcoolique en bout de course de Notre histoire.

    Le nom de Bertrand Blier est de ceux qui font se bousculer les souvenirs de cinéma, associations improbables (le chômeur, le commissaire et le tueur de femmes de Buffet froid) et répliques au rasoir, situations incongrues et moments musicaux. À cela il existe plus d’une raison, et toutes sont excellentes, mais il en est une qui peut-être prime sur les autres : ancrés profondément dans une tradition française, les films de Bertrand Blier sont d’un même élan, d’une actualité et d’une modernité aveuglantes. De tout cela, il sera question au Forum des images le 26 avril, et si l’on ne peut qu’ignorer le tour que prendra ce soir-là la conversation, il est possible déjà de promettre qu’elle ne sera pas triste. Pascal Mérigeau

    Critique au Nouvel Observateur, Pascal Mérigeau a publié plusieurs ouvrages sur le cinéma dont “Pialat” (Éd. Ramsay, 2007), “Cinéma : autopsie d’un meurtre” (Éd. Flammarion, 2007) et “Depardieu” (Éd. Flammarion, 2008).

    Durée approximative de la séance : 1h30