Vacances prolongées

Dernier long métrage de Johan van der Keuken, Vacances prolongées signe autant son adieu au monde qu’il ouvre la perspective de multiples existences à vivre encore.

« Si je ne peux plus créer d’images, je suis mort », déclare le cinéaste. C’est parce qu’il se sait condamné par un cancer généralisé qu’il entreprend un nouveau tournage, indissociable d’un long voyage. Accompagné la plupart du temps par Noshka van der Lely, sa complice de création et épouse, il sillonne l’Europe et l’Asie, en passant par l’Afrique et les Amériques. Keuken retourne sur des lieux où il a aimé tourner, tout en filmant de nouvelles rencontres. De temps en temps, son corps se rappelle à lui et il sonde les bienfaits de la médecine traditionnelle aux quatre coins du monde.

Comme son titre l’annonce, cet ultime film est le lieu de toutes les « prolongations ». Keuken cherche à pleinement habiter les joies de son acuité, conscient que ce n’est pas tant ce qu’il regarde et écoute qui est menacé de disparition mais bien sa propre perception des êtres et des choses. « Prolonger » ne rime néanmoins pas avec « figer » : le montage d’images et de sons actualise avec une ardeur jazzique l’urgence de vivre, le tempo pressé de sa condition de mortel.