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    Un état du monde
    Un état du monde Design graphique : ABM Studio – Visuel : La Permission © Sophie Dulac Distribution, Medianeras © Jour2fête, Dégradé © Les Films du Tambour – Le Pacte

    Présentation Un état du monde

    10e édition / 16 au 25 novembre 2018

    Le Forum des images fête ses 30 ans, et notre festival Un état du monde souffle ses 10 bougies. Le monde, quant à lui, semble avoir déclenché le compte à rebours de sa propre fin.

    Si nous vivons une drôle d’époque, on peut dire que le monde et ses habitants se trouvent dans un drôle d’état. Et pour faire passer la pilule, il faut apprendre à en rire et à sauver, sinon les meubles, du moins les apparences de notre règne. Ce constat ne serait qu’amertume vieillotte et ressentiment casanier si nous ne trouvions la force, à travers l’art de l’image, de décrypter le cosmos et son humanité foutraque. Le décrypter, oui, la belle affaire, mais pour en crypter, à nouveaux frais, le secret magnifique qui chaque jour en protège autant qu’il en manifeste la beauté. Il faut avoir la naïveté primitive de l’artiste, qui reste un enfant contrariant nos puérilités de vieux schnocks, pour y entendre quelque chose à cette beauté. Il n’y a pas d’angélisme dans cette vision (vision qui serait plutôt iconoclaste en nos temps aussi narcissiques que nihilistes). Aimer ce monde et désirer le changer, c’est un sport de combat, celui de cinéastes cosmopolites, d’artistes de tout poil, et d’intellectuels affranchis que nous mettons en lumière cette année encore.

    L’Argentine, notre pays invité, est un pays pétri de contradictions qui traverse un nouveau moment délicat de son histoire. C’est à une rencontre des générations que nous avons pensé pour faire le portrait de la nation ciel et blanche : Fernando Solanas, notre parrain et invité d’honneur, contemporain capital, et une toute nouvelle génération de cinéastes qui confirment la vitalité d’une cinématographie singulière. Ce portrait d’Argentine est aussi divers que riche, et évoquera même les figures iconiques de la culture populaire, de Borges à Maradona, en passant par Eva Perón et Carlos Gardel. Autre manière de filmer la « nouvelle donne » de nos sociétés contemporaines (leur désenchantement comme leur possible ré-enchantement) : l’oeuvre de Joachim Trier, brillant réalisateur norvégien. Après Pablo Larrain, l’an passé, nous poursuivons ainsi notre cartographie des auteurs majeurs du cinéma en train de se faire.

    Enfin, si l’humour est la politesse du désespoir, il est avant tout la seule et unique arme de construction massive, face aux effritements de nos modèles anciens et de nos terribles habitus. Ainsi, une rétrospective dédiée à la farce géopolitique, à la parodie d’un monde dans tous ses états, nous a semblé une sinécure nécessaire. Enfin, une carte blanche et une rencontre avec l’auteur de BD Fabcaro, génie définitif du rire de notre temps, qui apporte un autre regard sur nos vies façonnées par le XXIe siècle. Sans oublier maintes rencontres et avant-premières qui redessinent les frontières du réel.

    Le festival Un état du monde, unique en son genre, pose et se pose des questions simples : que peut encore le cinéma ? Comment l’image du monde nous raconte-t-elle quelque chose de ce monde ? Comment le monde, lui-même devenu images, interrompt-il son flux à travers le regard de quelques créateurs ? C’est un questionnement à la fois politique et esthétique, porté par les films et les oeuvres qui incarnent cette 10e édition.

     

    Fabien Gaffez
    Directeur des programmes du Forum des images