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    ABM Studio – Synonymes © Paname Distribution / Zaineb n’aime pas la neige © 13 Productions / Suprêmes © Gianni Giardinell
    du 12 au 21 NOVEMBRE 2021

    Un état du monde (2021)

    cinéma en débat(s) - 12e édition

    Il fait partie des festivals « historiques » créés par le Forum et continue sa mue au fil de l’actualité à laquelle, chaque année, il est lié par sa nature même : croiser création cinématographique et questions de société. Après une année blanche, Un état du monde reprend ses questionnements, à travers fictions en avant-première et focus thématiques, et s’ouvre à la littérature.

    Auteur d’une œuvre résolument politique, le cinéaste israélien Nadav Lapid vient présenter ses films et débattre avec le public : Le Policier, L’Institutrice et Synonymes. C’est à travers le prisme du langage et la poésie que Nadav Lapid appréhende les contradictions de notre monde et les dénonce avec subtilité.

    Fil rouge de cette nouvelle édition, la langue est à l’honneur avec l’un de ses représentants les plus virtuoses : le romancier britannique Jonathan Coe ! Peintre mordant des divisions sociales à l’heure du Brexit (Le Cœur de l’Angleterre), il programme une sélection de films de son choix sur « l’identité anglaise » ! 

    Vente en ligne des billets dès le 28 octobre à 12h
    Réservez vos places pour toutes les séances du festival à partir du jeudi 28 octobre à 12h (hormis les apéros géopolitiques qui seront à retirer le jour même en caisse).
    Bon plan : bénéficiez d'un accès illimité au festival Un état du monde avec la carte Forum Festival (17 €).

    L'édito de Fabien Gaffez, directeur des programmes du Forum des images

    Un éclat du monde
    Dans des périodes troubles et incertaines, nous avons besoin de phares. Pour nous orienter sur la mer démontée et nous indiquer quelque terre dans la nuit. Aucune terre n’est hospitalière, aucun territoire n’attend sa conquête, aucun monde ne nous appartient. Comme si l’état sauvage ou de nature, qui a fait couler tant d’encre et de sang, n’était pas derrière nous (mythe fondateur de nos pensées du contrat social), mais bien devant : la sauvagerie implacable d’un capitalisme si constitutif de l’espèce humaine qu’il en efface toutes les données. Les histoires que l’on nous racontait jadis pour nous faire peur sont les histoires que nos enfants se raconteront pour se souvenir de nous – si le temps du souvenir est encore permis. Ces histoires sont l’Histoire en cours : pandémie, catastrophe écologique, guerres incontrôlées, dégradation du politique, obscénité économique, brutalité des rapports sociaux, effacement des horizons. Nous avons besoin de phares. Qui réorganisent le chaos, puisque le « chaos règne ». Des phares qui nous rappellent ce dont nous sommes capables. Nous avons besoin de phares qui nous disent quoi faire au milieu des obscurantismes achevant le démantèlement des Lumières – au profit de la défense aveugle du pré carré. Ces phares sont les intellectuel·les, les artistes, les humanistes qui nous aident à recomposer le passé sans jamais composer avec l’avenir. La crise que nous traversons a fait ressurgir les voix de Camus et d’Orwell, deux athlètes complets de la langue, deux consciences pleines du temps et de ses épreuves. Parmi les grands livres « sociaux » de ce dernier, notamment Le Quai de Wigan, on trouve le concept de « common decency » qui revient miraculeusement au goût du jour (au risque de détournements douteux). Cette décence ordinaire, qui voit dans la classe ouvrière du nord de l’Angleterre des années 1930 une forme de fraternité et de solidarité dues à leur condition (loin de tout angélisme politique ou de toute rhétorique démagogique), peut faire figure d’issue de secours. C’était, pour l’antifasciste qu’il fut, le fondement d’un socialisme pragmatique. Cela pourrait être, en 2021, un simple bon sens politique, qui « calculerait » enfin les gens, plutôt que de les asservir au calcul égoïste. L’esprit d’Orwell a inspiré cette édition du festival, avec, par exemple, un questionnement bienvenu de la novlangue et des jeux de pouvoir qu’elle implique. Notre invité d’honneur, l’écrivain Jonathan Coe, qui nous donne sa vision de l’identité britannique à travers un choix de films, se place, d’une manière ou d’une autre, dans le sillage intellectuel de l’auteur de 1984. De même, les cinéastes Kaouther Ben Hania et Nadav Lapid font preuve, avec un grand sens de la forme cinématographique, de cette indispensable « décence ordinaire », à l’instar de nombreux films que nous présentons en avant-première, fût-ce par l’absurde de fables et de dystopies politiques. Le festival Un état du monde prend soin d’orienter le regard vers ces lueurs qui nous sauvent, vers ces dernières lucioles de la civilisation, vers ce soulèvement nécessaire de ce qui en nous perdure de dignité.

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