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    • MAR 07 MAI 2013 À 19:30

    La Master class de Raymond Depardon

    animée par Pascal Mérigeau

    Il est photographe, documentariste, cinéaste, voyageur. Et aime à diversifier ses projets. Sa caméra, toujours discrète, sait dénoncer les injustices, les souffrances et s’immiscer dans des lieux sensibles. Il revient sur ses multiples parcours à l’occasion d’une master class exceptionnelle.

    « Mais il me filme ? » « Oui. » « Pour quoi faire ? » Réponse : « Parce que vous êtes là. » Elle a raison, la vieille dame de La Vie moderne, la seule réponse à ce « pour quoi faire » est celle-là. Vous êtes là, il vous filme. Il ne se présente jamais sans sa caméra, Raymond Depardon, pas son genre de bavasser un moment pour revenir un autre jour peut-être avec l’équipement nécessaire et procéder alors à une commune mise en boîte. Les gens qui sont là, et qu’il filme, il veut pouvoir les retrouver à l’écran, sans quoi ils ne seraient plus là du tout, comme ses parents, des paysans eux aussi, des gens ordinaires, qu’il n’a jamais filmés, ou si peu.

    Depuis tant d’années qu’il photographie, qu’il voyage, qu’il filme, qu’il écoute et qu’il parle, il n’a pas seulement accumulé des images, des sons, de l’expérience, il nous a appris à voir. Réappris, au moins, car face au déluge auquel à chaque instant de notre existence nous sommes exposés, nous avions oublié. Oublié ce qu’est un fait divers, oublié ce que urgence veut dire, oublié ces paysans qui au fil des années semblent avoir déserté nos paysages.

    Et aussi, il a permis la découverte de tous ces instants qui à beaucoup d’entre nous sont inconnus, rencontre avec les pensionnaires d’un asile, comparution en flagrant délit, confrontation avec le juge qui va décider du sort d’un prévenu, tout cela sans s’imposer jamais, sans chercher à faire croire que la caméra n’est pas là. Lui qui constate qu’il est allé plus souvent à Djibouti qu’à Bar-le-Duc a sillonné le monde, l’autre jour il partait pour la Bolivie, mais la carte que ses photos et ses films dessinent est des plus intimes, en tirant le portrait d’un autre il se dépeint lui-même un peu, surtout il exprime ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes, sans le savoir avant qu’il ne nous le montre.

    Le 7 mai, il sera question de Reporters, de Délits flagrants, de Profils paysans, de La Captive du désert, des Instants d’audience, de son Journal de France, réalisé avec Claudine Nougaret, sa complice, sa compagne, qui sera là elle aussi. C’est un des plus grands photographes et cinéastes de son temps qui ce soir-là donnera sa master class.

    Pascal Mérigeau

    Critique au Nouvel Observateur, Pascal Mérigeau a publié plusieurs ouvrages sur le cinéma dont « Pialat » (Éd. Ramsay, 2007), « Depardieu » (Éd. Flammarion, 2008) et « Jean Renoir » (Éd. Flammarion, octobre 2012).

    Durée approximative de la séance : 1h30