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    du 18 au 20 MARS 2011

    Le documentaire animé : vrai ou faux ?

    On a beaucoup entendu parler ces derniers temps d’un « nouveau genre cinématographique » :
    le documentaire animé. Si Valse avec Bachir fut qualifié de premier documentaire d’animation, l’utilisation conjointe de l’animation et du documentaire existe, sous diverses formes, depuis les débuts du cinéma. Mais depuis les années 1980, la production de films d’animation marqués par une approche documentaire, connait un véritable essor.

    Ainsi, le documentaire animé peut avoir recours à des interviews radiophoniques (Caché de Hanna Heilborn, Mats Johansson, David Aronowitsch), à des commentaires scientifiques (An eyeful of sound de Samantha Moore), à la reproduction d’événements réels (L'ami y’a bon de Rachid Bouchareb), à l’illustration de souvenirs heureux ou douloureux (Jamais comme la première fois de Jonas Odell) ou à l’expression du « je » alternatif (Journal de Sébastien Laudenbach). Idéale pour pallier l’absence d’archives visuelles (Un peu de place pour demain de Raaya Karas, lecture d’une lettre datant de 1942), pour les prolonger et les compléter (Dites adieu à tous vos péchés de Cathal Gaffney, enregistrements originaux, trouvés dans une poubelle, d’enfants s’adressant à leur maitresse dans les années 60), ou pour filtrer leur brutalité (Newsround on knives, de Layla Atkinson, témoignages d’enfants auteurs ou victimes de crimes par arme blanche), « l’image animée permet de transmettre des émotions et des sensations, voire de restituer tout un univers mental, comme dans l’extraordinaire The Moon and the Son, règlement de comptes posthume du réalisateur John Canemaker avec son propre père » (Sophie Bourdais, Télérama)  "Le documentaire animé est un film d’animation à tendance documentaire. Plus le film d’animation opte pour une représentation réaliste des choses, en ayant recours aux usages habituels des films documentaires (utilisation d’une forme de narration propre au documentaire, présentation d’informations réelles et précises, interview avec des experts, etc.), plus il s’approche du film documentaire." (Paul Wells, journaliste canadien)  

    Le documentaire animé est-il un faux documentaire ? C’est un peu cette question que pose Philippe Moins dans son ouvrage “Les maîtres de la pâte” (Dreamland), lorqu’il parle de deux films d’animation produits en 1978 par la BBC et réalisés par Peter Lord et David Sproxton (Studio Aardman). Ces films, construits autour de conversations enregistrées dans des lieux comme en affectionne le documentaire à caractère social, et regroupés sous le titre générique de Animated Conversations, vont marquer une étape dans la production du film d’animation. Cinq autres courts du même type vont suivre, réalisés (toujours chez Aardman) en 1982 pour Channel 4. Ces films ont influencé un grand nombre de réalisateurs d’animation, dont Chris Landreth pour son film Ryan (2004).

    Un nombre considérable d’animations documentaires ont été réalisées depuis lors. Interrogeant sans cesse avec justesse la question de l’appropriation du réel par la création artistique, ce genre à part entière est devenu incontournable en quelques années. « Alors les puristes diront que ce ne sont pas de vrais documentaires. Mais pourquoi une série de photos animées détiendrait plus de vérité qu’une série de dessins animés ? Photo ou dessin, ça ne restera toujours qu’une transcription du réel .» (Antoine Lopez, Festival de Clermont-Ferrand) 

    Ce week-end exceptionnel interrogera les limites du genre, avec la projection des courts métrages marquant de ces 30 dernières années (plus d’une quarantaine) en présence de nombreux réalisateurs qui témoigneront de leurs expériences (Luis Briceno, Fabrice Fouquet , Patrick Pleutin, Nadine Buss, Marie Paccou, Sandrine Stoïanov et Jean-Charles Finck, Jeanne Paturle, Jean-Gabriel Periot, Chloé Mazlo et le canadien Theodore Ushev), un coup de projecteur sur l’émergence de « longs métrages documentaires animés » (Valse avec Bashir bien sûr, mais aussi l’avant-première exceptionnelle d’un documentaire animé colombien sur les enfants-soldats, et le Work in progress du long métrage Approved for adoption de Jung et Laurent Boileau), mais aussi une « Proposition de classification typologique du documentaire animé » par Antoine Lopez (délégué du Festival de Clermont-Ferrand), et une table ronde autour de la question : Documentaire animé ou animation du réel - Où commence et où s’arrête le « documentaire animé » ? 

     

    LES TEMPS FORTS

    Pleins feux sur le long métrage documentaire animé

    S’il est difficile de circonscrire ce que recouvre l’appelation « documentaire animé », il risque bien de devenir un genre, dès lors qu’un long métrage, Valse avec Bashir, se retrouve en 2008 sous les feux de l’actualité cannoise. Le cours de cinéma de Fanny Lautissier sera l’occasion de revenir sur ce film-jalon ; l’avant-première exceptionnelle d’un long métrage colombien - Pequenas voces - qui raconte l'histoire vraie de quatre enfants colombiens au cœur du conflit armé, confirme l’entrée remarquée du genre dans le long métrage ; enfin, le Work in progress du très attendu long métrage Approved for adoption de Jung et Laurent Boileau, adapté de la BD « Couleur de peau : miel », annonce l’émergence d’autres longs métrages documentaires animés … 

    Un invité exceptionnel : Théodore Ushev

    Théodore Ushev est diplômé de l'Académie nationale des beaux-arts de Sofia. Célèbre affichiste bulgare, il s'installe à Montréal en 1999. Il y acquiert rapidement une réputation de cinéaste d'animation prolifique et doué. De 1999 à 2004, il réalise une dizaine de courts métrages destinés à être diffusés sur Internet. Puis il explore le lien entre les avant-gardes artistiques et les dérives idéologiques du 20ème siècle dans Tower Bawher (2005) et Drux Flux (2008). Entre les deux, il réalise deux films personnels : L'homme qui attendait et Tzaritza (2006). Il vient de réaliser un film stéréoscopique ambitieux, Les journaux de Lipsett (2010), biographie imaginaire du célèbre cinéaste expérimental canadien Arthur Lipsett, primé dans de nombreux festivals.
    Samedi 19 mars à 20h30 et dimanche 20 mars à 16h15 

    Conférence : « Proposition de classification typologique du documentaire animé »

    Antoine Lopez, délégué du Festival de Clermont-Ferrand, reviendra sur la production de documentaires animés depuis les débuts du cinéma. Il évoquera l’utilisation de l’animation : le souci de protéger, sous le couvert de l’anonymat, l’identité de victimes des problèmes sociaux ; l’animation en tant qu’instrument éducatif ; l’animation au service des documentaires historiques ; l’animation, expression de la subjectivité de la pensée. Il proposera une classification des différents documentaires animés existant, avec exemples à l’appui.
    Samedi 19 mars à 16h15  

    Table ronde

    « Un documentaire d’animation ? Le concept paraît foireux, voire franchement oxymorique, mais non, ça peut marcher, comme le prouve brillamment Valse avec Bachir » (Aurélien Ferenczi, Télérama). Quelle définition donner à ce terme hybride regroupant le documentaire qui se définit en liaison avec le réel et l’animation qui se pose généralement en rupture totale avec la réalité ? Qu’est-ce qui différencie des films plus anciens des documentaires animés récents ? Est-ce une mode des années 2000 ? Cette table ronde tentera de répondre aux questions que posent la notion même de « documentaire animé », en compagnie de Sophie Bourdais (journaliste à Télérama), Serge Lalou (Les Films d’Ici), Theodore Ushev, Marie Paccou (sous réserve) et Jean-Gabriel Périot (réalisateurs), Yves Jeanneau, Sunny Side of the doc (sous réserve), Christian Arnau, directeur des études à l'Emca (sous réserve).
    Dimanche 20 mars 16h15 

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