La guerre d’Algérie, images et représentations
Du 24 janvier au 2 février 2012
À la fois source et agent de l’histoire, qui témoigne et met en scène, se frotte au réel et nourrit les imaginaires, le cinéma dans sa diversité est à l’honneur de ce programme. Il réunit, à l’occasion du 50e anniversaire de la fin des combats, fictions et documentaires, films militants, archives militaires et images amateurs, produits depuis cinq décennies sur la guerre d’Algérie.
De ce côté de la Méditerranée, on disait à l’époque les “événements” d’Algérie. Ce n’était pas la guerre mais une mission de pacification qu’allaient effectuer les soldats du contingent, embarquant à Marseille pour ces départements exotiques d’une Algérie française depuis 1830 et qui entendait le rester. En 1962, les accords d’Evian mettaient pourtant fin à 132 ans de présence coloniale, au terme de huit années d’une guerre qu’il faudra ensuite plus de quarante autres pour qu’elle soit enfin reconnue comme telle. La loi du 18 octobre 1999 officialisera la “substitution, à l’expression aux opérations effectuées en Afrique du Nord, de l’expression à la guerre d’Algérie ou aux combats en Tunisie et au Maroc”. Cette question de mots, et de temps pour les dire, est révélatrice d’un rapport complexe à ce passé sensible autour duquel les mémoires s’affrontent toujours. Célébrée de l’autre côté de la mer comme révolution fondatrice, guerre d’indépendance, de libération nationale, cette guerre sans nom, sans front, ni héros, sans date consensuelle de commémoration, a laissé dans notre pays des traces d’autant plus profondes que le “drame algérien”, comme on disait encore, est aussi un affrontement franco-français, dont tous les acteurs, des appelés aux officiers, des pieds-noirs aux harkis, se sentent les victimes, et les générations suivantes les héritières.
Une impression d’absence
Aujourd’hui, le temps semble s’éloigner de l’amnésie et de la politique de l’oubli longtemps en vigueur, entre les amnisties successives et le silence de la génération du feu. Ces dernières années ont vu se briser peu à peu silences et tabous, et se manifester de part et d’autre le besoin de témoigner, de transmettre et contribuer à l’écriture d’un passé trop longtemps refoulé. Sur les écrans, en 1991, La Guerre sans nom a donné un visage à ces appelés d’hier qui, pour la première fois pour la plupart d’entre eux, prenaient la parole ; d’autres documentaires ont suivi, ravivant ces “années algériennes” par des images et des témoignages inédits éclairant heures sombres et pratiques inavouées. La fiction aussi a pris sa part dans ce processus ; on se souvient de l’effet Indigènes en faveur de la révision des pensions d’anciens combattants, et des polémiques entourant la sortie de l’opus suivant du même réalisateur, mais d’autres sorties, plus discrètes, s’inscrivent dans ce même mouvement récent de “retour” à l’écran d’une guerre dont on a souvent déploré l’impression d’absence. À ce point de l’histoire – car un cinquantenaire, mi-temps symbolique, revêt une importance particulière –, c’est sous cet angle que le Forum des images a souhaité aborder la guerre d’Algérie, en proposant, dix jours durant, projections et rencontres, autour de films d’origines, d’époques et de genres divers. Pour interroger, autour des images et des représentations, la place qu’elles occupent dans la construction d’une vision collective historique et favoriser, par-delà les passions, la confrontation des regards.
En partenariat avec l’EPHMGA - Une Mémoire Partagée (memoireguerredalgerieparis.com)
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