Histoires d'Amérique
de Chantal Akerman
Fiction l Belgique, France l 1988
92 min l Couleur l Cinéma Numérique 2K
Lentement, une ville fantôme surgit de la brume, au milieu de chuchotements : du russe, du polonais, du yiddish. Enfin, dans le ciel d’un bleu d’encre, apparaît la ville d’acier et de feu : New York. Des hommes, des femmes, qui tous et toutes viennent de l’ancien monde, surgissent à l’orée de la ville… Des identités bouleversées.
Un film à nouveau inclassable, où le théâtre rencontre l'installation, où les récits et fictions se mêlent au documentaire et au portrait d'une ville et d'une diaspora. Liant l'identité culturelle à la narration, Akerman explore l'immigration, la famille, la philosophie et l'Holocauste. « Ce film est un travail sur le souvenir, mais des souvenirs inventés. Il est fait de tant d'histoires, histoires restées en travers de la gorge des parents. Et pour rester dans ce qui me reste de tradition, je n'ai pu échapper aux histoires drôles qui se sont fichées là au milieu de tout et tout le temps. Ces histoires drôles parfois consolatrices et qui permettent de survivre à l'histoire par le rire, un rire qui prend source dans la détresse même. (...) Pour moi, c'est un film de fantômes. C'est un monde qui a disparu dont je réveille quelques éléments. Il y a encore, à Houston Street, quelques survivances yiddish, mais elles sont devenues presque folkloriques. Alors que ce qu'on trouve dans les nouvelles de Singer, par exemple, n'a rien à voir avec le folklore. C'est la vie. Aujourd'hui, je ne connais pas un enfant qui parle yiddish. Même moi, je ne parle pas yiddish. Pourtant j'ai vécu avec mon grand-père qui m'a parlé yiddish jusqu'à sa mort, quand j'avais huit ans. » (Chantal Akerman)