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    "Le Faux Coupable"
    "Le Faux Coupable" © Collection Christophel
    du 26 FÉVRIER au 01 MARS 2020

    Carte blanche à Éric Rohmer

    Au mois de février sort Le Sel du présent aux éditions Capricci, un riche volume de 512 pages, réunissant pour la première fois les chroniques de cinéma d’Éric Rohmer, sous la supervision de son biographe Noël Herpe. Occasion rare d’organiser une carte blanche posthume, telle une cinémathèque idéale qui dessine un portrait insolite d’Éric Rohmer. Noël Herpe, son biographe qui a supervisé l'édition de ces textes méconnus, a composé pour nous ce bouquet de films, s’appuyant sur les engouements parfois surprenants du Grand Momo.

     

    Grâce au Goût de la beauté, anthologie supervisée par ses soins, on connaissait un Rohmer théoricien, ambitionnant de retrouver dans le septième art une forme de sublime que les autres arts auraient désertée. Avec Le Sel du présent, qui paraît à l’occasion de son centenaire, c’est un Rohmer plus impur qui revient sur le devant de la scène. Impur, car se mêlent à ses choix des tropismes idéologiques, marqués par le contexte de la guerre froide et les exigences de la revue Arts, où il jouait au polémiste méchant. Impur, parce qu’à rebours du cinéma d’adaptation littéraire, français ou américain, il ose défendre les outsiders, les films de genre, les produits de consommation courante, mais où la mise en scène se révèle d’autant mieux que la poésie n’est point trop sollicitée. Impur encore, – qui l’eût cru ? –, parce qu’il ne cesse de faire des infidélités à son atlantisme affiché, et de découvrir à travers Ingmar Bergman, Kenji Mizoguchi ou Satyajit Ray, de nouveaux territoires de cinéma. C’est un peu de cette géographie rohmérienne que l’on se propose d’arpenter, conjuguée à une cinémathèque idéale qui réserve elle aussi bien des surprises. Amoureux de Murnau, Rohmer célèbre Eisenstein. Renoirien jusqu’à défendre Elena, il s’incline devant les rigueurs de Bresson (et s’enthousiasme pour le plus bressonnien des Hitchcock, Le Faux Coupable). Rossellinien impénitent, il fait l’éloge des Nuits blanches de Visconti. Constamment il bifurque, emprunte des chemins de traverse, redessine en le précisant son paysage cinéphile. Et invente déjà, de modèles secrets en révérences en trompe-l’œil, son futur travail de cinéaste.

    Noël Herpe

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