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    • DIM 06 AVRIL 2014 À 17:00

    La Master class de Daniel Auteuil

    animée par Pascal Mérigeau

    Deux césars (Jean de Florette - Manon des sources et La Fille sur le pont), un prix d’interprétation à Cannes (Le Huitième Jour), plus de 80 rôles. Et pourtant : son désir de créer est intact, son plaisir de jouer presque enfantin. Populaire au sens noble du terme, il est l’une des grandes personnalités du cinéma français.

    Longtemps, il n’a pas su dire non. Incapable de refuser une proposition de rôle, théâtre ou cinéma peu importe, il craignait que ça ne lui porte la poisse. À 20 ans, il est vrai, il affirmait aussi préférer « un grand rôle dans une merde à un petit chez Visconti », lui qui, chaque automne depuis toujours, à l’heure de la rentrée des classes, voyait sa mère et son père se préparer à monter sur scène pour une nouvelle saison, artistes lyriques qui ne chantaient que lorsque la bise était venue. Il les observait depuis les coulisses, rêvait des spectacles d’Avignon, c’est là que la famille vivait, mais non, disait sa mère, tu t’ennuierais.

    Des grands rôles, il en a eu, dans des âneries parfois, au début en tout cas. Des petits aussi, pas chez Visconti, en effet, mais chez les autres grands non plus, qui sitôt qu’ils ont fait appel à lui attendaient qu’il porte le film. Alors, il y eut pour commencer Les Sous-Doués et puis bientôt il devint Ugolin, dans Jean de Florette, dans Manon des Sources. Claude Sautet lui ouvrit les portes de son cinéma, Quelques jours avec moi. De Daniel Auteuil il parla comme d’une « éponge », ce que l’acteur n’aima guère, qui suggéra que le cinéaste aurait pu le décrire plutôt comme un buvard car, au moins sur un buvard, on écrit. Entre eux ce n’était pas fini, il y eut encore Un coeur en hiver et puis André Téchiné (Ma saison préférée, Les Voleurs), Patrice Chéreau (La Reine Margot), un peu plus tard Benoît Jacquot, pour qui il composa un Sade extraordinaire, et Michael Haneke (Caché).

    Le cinéma l’a accaparé, sans pourtant jamais lui faire oublier le théâtre, qu’il désigne comme « le ventre de la baleine » et auquel régulièrement il revient, parce qu’il en a besoin. Il a fallu un peu de temps pour qu’on le sache vraiment mais Daniel Auteuil peut tout jouer, souvent mieux que personne. Tout, même des rôles que l’on pensait marqués à jamais et pour cette raison même comme interdits : d’un côté de la caméra mais de l’autre aussi, l’acteur s’est aventuré au pays de Pagnol et, dans les Marius et Fanny qu’il a réalisés l’année passée, ce n’est pas qu’il fasse oublier Raimu, non, et son ambition n’était certes pas celle-là, mais il tutoie les mêmes sommets. Il faut dire enfin que Daniel Auteuil, du cinéma et du théâtre, parle magnifiquement, avec tout à la fois distance et engagement, raison ultime qui fait de la Master class qu’il donne le 6 avril un événement considérable. Pascal Mérigeau

    Critique au Nouvel Observateur, Pascal Mérigeau a publié plusieurs ouvrages sur le cinéma dont « Pialat » (Éd. Ramsay, 2007), « Depardieu » (Éd. Flammarion, 2008) et « Jean Renoir » (Éd. Flammarion, 2012).

    Durée de la rencontre : 1h30

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