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    Le Decameron
    Le Decameron © Collection Christophel

    Le désir de Naples de Pier Paolo Pasolini

    Pier Paolo Pasolini n'était pas napolitain, mais il a entretenu avec Naples des liens forts et privilégié qui ont irrigué sa vie et son œuvre et qui seront explorés dans un cours de cinéma par Hervé Jouvert-Laurencin.


    Lorsqu'il adapte Le Décaméron, le célèbre recueil de nouvelles de Boccace du XIVe siècle, Pasolini choisit de le transposer de Florence à Naples, en langue napolitaine. Il disait de Naples qu'elle était la dernière métropole plébéienne : « J'ai choisi Naples […] parce qu'elle constitue une sorte de “poche” historique : de fait, ses habitants ont décidé de rester ce qu'ils ont toujours été, et, ainsi, de se laisser mourir petit à petit : comme certaines tribus d'Afrique, les Bedja du Soudan, par exemple, qui refusent tout rapport avec la nouvelle histoire et s'éteignent volontairement, retranchés dans leurs villages, fidèles à eux-mêmes, pratiquant l'auto exclusion. Les Napolitains ne peuvent évidemment aller jusque-là, mais c'est tout comme. » Le grand historien et critique de cinéma Mario Franco affirme qu'à travers Naples, conçue comme une cité cosmique et utopique, Pasolini a poursuivi ses réflexions sur une problématique récurrente dans son œuvre : la crise sociale d'un modèle rationaliste sur lequel est fondé le pouvoir moderne qui mécanise et dévitalise les corps, le vivant.


    Le désir de Naples de Pasolini s'est aussi incarné à travers des acteurs napolitains emblématiques comme Toto, qu'il a dirigé à maintes reprises, ou encore par la profonde amitié qui le liait au grand metteur en scène, dramaturge et acteur napolitain (le plus grand, selon Pasolini) Eduardo De Filippo (L'Or de Naples, L'Étoffe des rêves, Mariage à l'italienne).


    Avant sa mort prématurée par assassinat, Pasolini travaillait sur un projet intitulé Porno-Théo-Kolossal, le voyage en quête d’une utopie de deux héros napolitains picaresques, Eduardo de Filippo dans le rôle du roi mage Epifanio, et Ninetto Davoli, prêtant ses traits au domestique Nunzio. Toujours dans la dernière année de sa vie, en 1975, Pasolini écrivait à l'adresse d'un jeune Napolitain imaginaire, Gennariello, un « petit traité pédagogique », un bréviaire pour la révolte, composé d’une série de textes engagés et virulents sur la vie sociale, politique et intellectuelle de l'Italie de la fin du XXe siècle. En 2009, la cinéaste Elise Florenty a imaginé la réponse de Gennariello dans Gennariello Due Volte (Gennariello deux fois) dans un échange rétrospectif entre le jeune homme et le cinéaste dans la Naples d’aujourd'hui.

     

    > Le désir de Naples de Pier Paolo Pasolini / vendredi 10 mai à 18h30, cours de cinéma par Hervé Joubert-Laurencin (enseignant en cinéma)

     

    > Le Décameron de Pier Paolo Pasolini / vendredi 10 mai à 21h


    © Collection Christophel

     

    > Si je reviens - Ernest Pignon-Ernest et la figure de Pasolini de Collectif Sikozel / samedi 11 mai à 18h30, en présence du consul de France à Naples


    © Collectif Sikozel