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    Présentation du cycle "Le goût du jeu"

    Tantôt dépense gratuite d’énergie pure, tantôt adhésion librement consentie à des dispositifs réglés au millimètre près, la posture ludique est loin d’être anodine. Expérimentés dès notre plus jeune âge, les fameux "pour de rire", "pour de faux", "on aurait dit que" fondent notre manière d’être au monde et se prolongent dans nos vies d’adultes. Le cinéma s’en inspire pour nous offrir des films comme autant de terrains de jeux merveilleux, pour tous les âges.


    Intimement lié à l’imaginaire, le jeu permet de créer des mondes. Jouer, c’est engendrer, injecter de la fiction dans le réel qui s’en trouve ainsi amplifié, intensifié, voire transfiguré. Dans Max et les Maximonstres de Spike Jonze, le jeune Max joue à être un loup. C’est dans ce costume qu’il rejoint un monde féroce et fabuleux où se trouvent les choses sauvages (Where The Wild Things Are, titre original du film) et dont il devient le roi. L’un des Maximonstres a beau soupirer : « C’est juste un petit garçon qui fait semblant d’être un loup qui fait semblant d’être un roi », les jeux auxquels Max se livre dans cet univers posent des questions cruciales. Dans l’espace et le temps circonscrits du jeu, il s’agit de trouver sa place dans le monde, se mesurer à la vie, à la loi, d’éprouver ses forces, ses faiblesses, d’affûter son adresse et de défier le hasard.

    Jouer, c’est se frotter au dehors, composer avec l’autre. Quoi de plus délicieux alors que les jeux de séduction ? Marivaudages, badinages et autres conquêtes, le désir et le plaisir se déploient dans des dispositifs plus ou moins sophistiqués (Le Genou de Claire d’Éric Rohmer, Les Liaisons dangereuses de Stephen Frears) ou corsés (Maîtresse de Barbet Schroeder, Belle de jour de Luis Buñuel), mais toujours codifiés. Se plier aux protocoles amoureux et érotiques implique un cadre strict mais offre aussi la grisante possibilité d’être surpris par quelque chose d’inconnu, de reconduire les conditions d’une jouissance inédite. Parfois, avoir recours au jeu dans l’amour permet aussi de se fabriquer un bouclier, une protection. Ainsi dans Aïe de Sophie Fillières, la gracieuse et troublante héroïne, qui propose à un homme de tomber amoureuse de lui par jeu, déclare : « Et si c’était une façon de me protéger ? Ne pas me taper la honte au cas où vous tomberiez jamais amoureux de moi ? » Même pas mal, donc !
     

    La programmation Le goût du jeu a été élaborée par Zeynep Jouvenaux, programmatrice au Forum des images, assistée d’Elsa  Colombani.