Le visage du présentateur du dernier JT, les séquences rythmées de L’Homme à la caméra de Dziga Vertov, le gag du bébé mordeur, les images pittoresques d’un film animalier des années 60, le témoignage à chaud d’un manifestant tunisien filmé par un téléphone mobile, les plus belles scènes des films de Greta Garbo… Toutes ces images, si diverses, circulent à des millions d’exemplaires, chaque jour, sur les sites spécialisés et sur les réseaux sociaux.
En d’autres temps, le développement de la photo amateur a transformé les regards sur le monde et ses représentations, créé de nouveaux rituels familiaux et sociaux, et inventé de nouveaux espaces de création.
Aujourd’hui, toutes les images – photos, films, vidéos – sont accessibles sur nos écrans, toujours disponibles, toujours prêtes à circuler de l’un à l’autre, et fragmentables à volonté. Elles peuvent être découpées, presque à l’infini : le film en séquence, en image, en partie d’image, jusqu’au pixel. Techniquement, toutes peuvent être reproduites ; toutes peuvent être transmises, assorties de commentaires, de tags, de modifications, de remontages, de détournements.
Nous sommes loin de pouvoir prendre aujourd’hui toute la mesure de cette évolution. Elle est riche de possibilités créatives, de découvertes, d’expressions originales. Elle pose aussi d’immenses problèmes, techniques, juridiques, économiques, documentaires. Une forme très significative de ces pratiques est le “mashup”, film de remontage, genre où se côtoient fausses bandes-annonces, détournements, essais poétiques ou politiques, ou encore hommages cinéphiliques. Avec le MashUp Film Festival, festival des films qui font voyager les images de films en films, le Forum des images crée le premier événement public entièrement consacré à ces questions.
Par définition, il s’agit d’un événement participatif et expérimental. Cette première édition en constitue une préfiguration, comme les pratiques actuelles dans ce domaine préfigurent notre nouveau rapport aux images du monde.
Festival organisé par le Forum des images en collaboration avec Inflammable Productions (Eléonore Lamothe, Nicolas Sauret)