A Dark, Dark Man
De Adilkhan YerzhanovAvec, Daniar Alshinov, Dinara Baktybaeva, Teoman Khos, Fiction, Kazakhstan/France, vostf, 2019, 110 min, Couleur
DĂ©jĂ rompu Ă toutes les pratiques de corruption de son mĂ©tier, Bekzat, jeune policier des steppes du Kazakhstan, est chargĂ© dâĂ©touffer une nouvelle affaire de meurtres dâenfants. DĂ©signer un coupable ? La routine. Lâaffaire serait vite bouclĂ©e si une journaliste opiniĂątre ne venait pas sây intĂ©resser de plus prĂšs et semer le doute dans lâesprit de notre hĂ©ros en Ă©branlant ses certitudes.
Le cinĂ©aste kazakh Adilkhan Yerzhanov est de ceux que LâĂtrange Festival aime particuliĂšrement suivre et dĂ©fendre, comme en tĂ©moignait notamment le focus que nous lui consacrions en 2018. AprĂšs son superbe La tendre indiffĂ©rence du monde, il nous revient avec un polar, aussi noir que son titre, qui sâattaque, toujours avec la mĂȘme virulence, Ă la corruption de son pays. Mais avec Yerzhanov, le genre, loin dâĂȘtre un carcan, devient lâoccasion dâexercer tout le gĂ©nie de sa mise en scĂšne, avec un sens du dĂ©coupage et de lâespace inouĂŻs. Ă la violence des hommes il oppose une nature Ă la beautĂ© silencieuse et immuable. Ce qui sauve son cinĂ©ma dâune noirceur Ă©touffante, câest justement la maniĂšre dont il y insuffle contemplation et humour absurde. On est toujours tentĂ© de citer dâautres grands cinĂ©astes du contrepoint comme KaurismĂ€ki ou Kitano, mais de film en film sâaffirme un style qui nâappartient quâĂ lui.