Vendredi 12 septembre 2014 à 19h45

Sayat nova / La Couleur de la grenade

Séance présentée par Godfrey Reggio

Tango

de Zbigniew Rybczynski

Fiction | Pologne | 1981 | 8 min | Couleur

Zbigniew Rybczynski est une figure majeure du cinéma d’avantgarde. On lui doit notamment The Orchestra, un des premiers programmes en haute définition, devenu classique de l’art vidéo. Mais c’est surtout sa collaboration avec le collectif Warsztat Formy Filmowej qui fut à l’origine de certains de ses plus beaux travaux dont Plamuz, Zupa, et bien évidemment ce Tango, dont l’utilisation du cadre et de la musique, et sa vision philosophique du monde ont fortement marqué Godfrey Reggio.

Sayat nova / La Couleur de la Grenade

de Sergueï Paradjanov

Avec | Sofiko Chiaureli, Melkon Aleksanyan, Vilen Galstyan | Fiction | URSS / Arménie | 1968 | 78 min | Couleur

« Ceci n’est pas l’histoire d’un poète. Le film cherche à évoquer l’univers du poète, ses états d’âme, ses passions et ses tourments en ayant recours aux symboles et aux allégories des trouvères arméniens du Moyen-Âge. » Après Les Chevaux de feux et ses somptueux mouvements de caméra aériens, Sergueï Paradjanov signe une nouvelle fois une ode à la liberté en racontant à travers la vie du poète Sayat Nova, les affres de la création autant que l’histoire et la culture de l’Arménie. Avec un soin pictural hors du commun, La Couleur de la Grenade est un spectacle erratique médusant, qui pousse l’expérience cinématographique à son paroxysme.

Godfrey Reggio : « Paradjanov paya un lourd tribut à son génie artistique. En Union Soviétique, son cinéma n’était pas conforme au “politiquement correct” du “Réalisme Social”. Il fut emprisonné pour surréalisme ! Et pour avoir remis en cause les –ismes que nous portons tous en nous. Impossible à répliquer, son cinéma est un fantasme du réel, un néo-conte de fées qui, de ses propres mots, recherche une vérité au travers de la transformation spirituelle des images.
La Couleur de la Grenade fut produit avec très peu de pellicule et sans aucun budget pour les éclairages, décors et costumes. Il vécut ce que décrit la phrase du poète Emerson : « Tout mur est une porte ». Il fit le voeu de donner le jour à son film – une apparition non-littérale révélant le voyage de l’âme d’un poète arménien médiéval. Aux antipodes du cinéma contemporain, si quelqu’un est capable de vider son esprit, de cesser de chercher à comprendre, de laisser ses attentes à l’entrée, alors peut-être il pourra « sauter et le filet apparaîtra. »