
Comment Yukong dĂ©plaça les montagnes â la pharmacie
Marceline Loridan-Ivens
Documentaire | France | VOF | 1994 | 87 min | 3/4 BVU
Un documentaire Ă©tabli Ă lâinitiative de la CinĂ©mathĂšque française par Alain Fleischer dâaprĂšs les rushes non utiliÂsĂ©s du film de Jean Renoir, Une partie de campagne. Ce montage permet de mieux comprendre la personnalitĂ© des acteurs principaux du film, ainsi que les caractĂ©risÂtiques des personnages quâils incarnent. Un Ă©clairage sur Jean Renoir, maĂźtre de la direction dâacteur.
On va vĂ©rifier, avec Un tournage Ă la campagne, que le film achevĂ© commence Ă lâarrivĂ©e Ă la campagne, et non par le voyage depuis Paris, dĂ©but de la nouvelle de Maupassant. Des plans tournĂ©s qui respectaient la nouvelle de lâĂ©crivain sont ainsi abandonnĂ©s, certains un peu plats, la charette, lâhomme sur le vĂ©locipĂšde, les enfants avec les animaux sauvages. (...)
Le gĂ©nie de Renoir est de construire des plans oĂč les lignes ne sont jamais frontales â tout un jeu dâobliques qui ne figent jamais, serpentines ou sinusoĂŻdales â et de faire que jamais un cadre ne soit fini, qui conserve une part dâinachevĂ©, une capacitĂ© de surgissement, dâentrĂ©es et de sorties par la camĂ©ra, le fond, la droite la gauche. Tout fait surprise, mĂȘme un goulot de bouteille qui surgit au premier plan, Ă lâoccasion dâun contrechamp. Le cadre sert non pas Ă piĂ©ger le monde, mais Ă le capturer en flagrant dĂ©lit de surprise. Câest le « comme si » de Renoir, comme si la camĂ©ra nâĂ©tait pas lĂ , comme sâil nây avait pas de travail, en quoi consiste prĂ©cisĂ©Âment tout son travail. Les acteurs y trouvent leur libertĂ©, Ă travers le filmage dâune espĂšce de vibration ou, pour utiliser une expression de Renoir, « dâair du temps », sensation quâil est le seul cinĂ©aste Ă procurer. Attentif dans la direction dâacteurs, il ne laisse pas passer une seule faute, mais ce qui lui importe, câest dâobtenir ce ton faux dâartifice théùtral qui, mĂȘlĂ© Ă un dialogue direct, sonne comme la vĂ©ritĂ©. Sâil est vrai quâon ne filme quâune idĂ©e et plus gĂ©nĂ©ralement la pensĂ©e, Renoir fonde son cinĂ©ma sur la formule shakesÂpearienne. Nous sommes dans le monde comme sâil Ă©tait une scĂšne, en train dây jouer un rĂŽle qui est quelquefois, mais rarement, notre rĂŽle. Improvisation apparente, sponÂtanĂ©itĂ© apparente, vĂ©ritĂ© apparente : telle est la vie, oĂč toute vĂ©ritĂ© est vraie Ă un instant, et mensongĂšre Ă lâautre.
âJean Douchet (catalogue Entrevues Belfort, 1996)
A documentary by Alain Fleischer, at the initiative of the CinĂ©mathĂšque française, is compiled from the out-takes of Jean Renoirâs film A Day in the Country. This editing gives us a greater understanding of the personalities of the filmâs main actors, and the traits of the characters they play. This document gives us a wonderful insight into Jean Renoir, a master of directing actors.
With Un tournage Ă la campagne, we discover that the finished film starts with the arrival in the countryside and not with the journey from Paris, which begins Maupassantâs short story. The filmed shots that followed the authorâs story were abandoned, some a little dull, the cart, the man on a velocipede, the children with wild animalsâŠ
The genius of de Renoir is to construct shots in which the lines are never straight-on â a whole interplay of meandeÂring or sinusoidal obliques that are never fixed â and to ensure that the frame is never complete, that it keeps a unfiÂnished part, a capacity for sudden appearances, entrances, exits via the bottom edge of the frame, the background, from the right or left. Everything surprises us, even the neck of the bottle that appears in the foreground in a shot/ reverse shot. The frame does not serve to trap the world but to catch its surprises red-handed. It is Renoirâs âas ifâ, as if the camera were not there, as if there were no work â which is exactly what all his work involves. The actors find their freedom there, through the filming of a kind of vibration or, to use Renoirâs words, âthe spirit of the timesâ, a feeling that he is the only filmmaker to have seized. Mindful of how actors are directed, he allows no errors. What matters to him is to achieve this false tone of theatrical contrivance that, when mixed with live dialogue recording, sounds like truth. While it is true that what is filmed is only an idea and more generally thought, Renoir bases his cinema on the Shakespearian formula. We are in the world as if on a stage, acting a role that is sometimes, but rarely, our own. Apparent improvisation, apparent spontaneity, apparent truth: such is life, where all truth is true at one moment and false at another.
âJean Douchet (catalogue Entrevues Belfort, 1996)
Avec | Jane Marken, Sylvia Bataille | Fiction | 1946 | 40 min | Noir et blanc | 35mm optique
ĂtĂ© 1860, un boutiquier parisien et sa famille passent un dimanche au bord de lâeau. Ăcrite en 1936, cette adaptation de Maupassant reflĂšte lâĂ©poque radieuse du Front populaire. Mais la beautĂ© de la nature et la sensualitĂ© des images, qui doivent beaucoup aux impressionnistes, se teintent de la noirceur des temps Ă venir.
Dans le cadre de
DĂ©sir et cinĂ©ma sonnent comme un couple indissociable : en cent ans dâexistence, le cinĂ©ma nâa cessĂ© de filmer le dĂ©sir, les Ă©lans du corps, la quĂȘte de lâautre, et de mettre en scĂšne et en images les sentiments et les pulsions qui nous habitent. De LâĂąge dâor Ă Lady Chatterley, des marivaudages aux films de vampires, variations en 150 films sur le dĂ©sir au cinĂ©ma.