Samedi 11 septembre 2021 Ă  19h30

Model Shop

De Jacques Demy
Carte blanche Pierre Bordage / Séance présentée par Pierre Bordage

(The Model Shop), Avec, Anouk Aimée, Gary Lockwood, Alexandra Hay, Carol Cole, Fiction, France, USA, vostf, 1969, 93 min, Couleur

Los Angeles, 1968. Sur le point de partir au Vietnam, George, un jeune homme fauché, a vingt-quatre heures pour trouver 100 dollars afin de conserver son unique bien, une voiture de sport. Il rencontre Lola, une jeune femme qui pose pour des photos sexy.

En plein mai 68, Jacques Demy file aux USA pour accepter la commande de la Columbia, mais au lieu de la comĂ©die musicale hollywoodienne attendue, il livre un poĂšme dĂ©sespĂ©rĂ© sur les amours perdus, une jeunesse hantĂ©e par la mort, et le refuge dans le fantasme. Ce qui aurait pu n’ĂȘtre qu’un « Lola Ă  Los Angeles » (Anouk AimĂ©e y reprend son rĂŽle 10 ans aprĂšs) devient l’instantanĂ© d’une Ă©poque, une balade dĂ©senchantĂ©e qui vous serre le cƓur. Échec commercial mondial, voici pourtant le film le plus antonionien de Demy, son chef-d’Ɠuvre cachĂ©.

Pierre Bordage Ă  propos de Model Shop : « Je ne connaissais de Jacques Demy que ses grands succĂšs musicaux, puis on m’a commandĂ© un travail pour un spectacle sur le cinĂ©aste nantais, qui m’a contraint Ă  revoir toute sa filmographie, et donc Ă  dĂ©couvrir ses films les moins connus. Model Shop fait partie de ceux-lĂ . On le prĂ©sente comme son film amĂ©ricain, mais, de toutes ses oeuvres, il est sans doute celui qui a Ă©tĂ© le plus influencĂ© par la Nouvelle Vague. Un scĂ©nario minimaliste, l’errance de deux personnages dans les rues de Los Angeles, une rencontre Ă  peine esquissĂ©e entre Lola (Anouk AimĂ©e) et Georges (Gary Lockwood) qui va bientĂŽt partir au Vietnam. Les rĂȘves de Lola (retrouver Michel) se sont (mal) rĂ©alisĂ©s, elle veut rentrer Ă  Paris et pose pour des photos de charme afin de se payer le voyage du retour ; l’autre perd Ă  la fois sa petite amie et sa voiture, et voit se profiler la perspective sinistre du Vietnam. Les deux trajectoires vont s’effleurer sans vraiment se croiser. On se parle par objectifs interposĂ©s, on se donne l’illusion du dĂ©sir, on poursuit l’éphĂ©mĂšre, l’inaccessible, dans cette ville tentaculaire oĂč rĂšgne la trompeuse euphorie de la fin des annĂ©es 60 et oĂč, dĂ©jĂ , la parenthĂšse enchantĂ©e se referme. Un film sur la vacance, finalement. »