Les Tueurs de la lune de miel
De Leonard Kastle(The Honeymoon Killers) | Avec | Shirley Stoler, Tony Lo Bianco | Fiction | Etats-Unis | VOSTF | 1970 | 108 min | Couleur
Martha, une infirmière complexée, et Raymond, arnaqueur, se rencontrent par le biais des petites annonces. Martha tombe amoureuse et s’associe avec son amant dans une combine redoutable, qui consiste à séduire des femmes esseulées, prendre leur argent et les éliminer…
Cette unique réalisation de Leonard Kastle est un véritable diamant noir, portrait de deux marginaux aux frontières morales bien difficiles à cerner. Proche du Démon des Femmes de Lewis, cette histoire, qui servit de base à de nombreux films (Bonnie & Clyde et La Balade Sauvage ne sont pas loin), est inspirée d’un fait réel, maintes fois porté à l’écran, notamment dans Alleluia de Fabrice du Welz, visible cette année au festival
Jacques Audiard : « Les Tueurs de la Lune de miel est tiré d’un fait divers. Soit. Les deux premières semaines de tournage ont été assurées par Martin Scorcese qui s’est fait virer parce qu’il n’allait pas assez vite. Soit. Un autre réalisateur est parfois crédité, un certain Donald Wolkman, inconnu au bataillon. Soit. Mais c’est le scénariste, Leonard Kastle, qui finalement réalise le film. Ouf. Tout ça pour dire que The Honeymoon Killers est un film miraculé qui dans une économie normale n’aurait pas dû voir le jour. Les Tueurs s’est tourné si vite avec si peu d’argent que l’histoire et les personnages semblent suspendus au plan de travail. Ça avance en apnée, sans espace, sans joliesse possible. Comme la réflexion et la nuance sont impossibles, il en ressort une critique féroce de la société américaine et de ces femmes volailles. Les acteurs, Shirley Stoler et Tony Lo Bianco sont prodigieux. Après l’échec de son seul film, Leonard Kastle est retourné à son vrai métier : compositeur d’opéra et professeur de musique à l’Université d’Albany. D’où la b.o. signée Gustav Mahler. »