03 avril
→ 07 juillet
Thématique

Portrait de Hong Kong

La fureur de vaincre en 100 séances !

Ce portrait de Hong Kong cĂ©lĂšbre la mythologie d’un cinĂ©ma qui a disparu sous nos yeux (avec plusieurs Ăąges d’or, dont celui du grand cinĂ©ma d’action des annĂ©es 1980-1990) et tĂ©moigne des enjeux politiques du moment, sur place ou Ă  travers la diaspora, face aux censures qui s’exercent sur les Ɠuvres et les artistes. Ce programme fait ainsi dialoguer passĂ© mythologique et prĂ©sent politique.

En juin et juillet

 

Loin d’ĂȘtre un bilan, ce dernier mois sera politique et Ă©clectique. Le cinĂ©ma des genres, du kung-fu sous toutes ses coutures aux films de catĂ©gorie 3 (interdits aux moins de 18 ans), y est Ă  l’honneur. En dĂ©pit de la censure, le cinĂ©ma hongkongais contemporain sous surveillance se veut social et politique Ă  sa maniĂšre.

Une semaine avec Christophe Gans

PassionnĂ© de pop culture, de jeux vidĂ©o et de cinĂ©ma de genre, le cinĂ©aste Christophe Gans est de ceux qui firent dĂ©couvrir le cinĂ©ma hongkongais en France (HK Magazine et HK vidĂ©o). De La 36e Chambre de Shaolin au tout rĂ©cent Limbo, pour conclure par la projection exceptionnelle du film indien oscarisĂ© RRR ainsi que celle de ses propres films (Crying Freeman, Le Pacte des loups), sa carte blanche tĂ©moigne des rĂ©seaux d’influence entre Hong Kong et le cinĂ©ma mondial.

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Kung-food et autres festins hongkongais

Afin de redynamiser un genre en perte de vitesse, une sĂ©rie de sous-genres du kung-fu a vu le jour dans les annĂ©es 1970. De la kung-fu comĂ©die au kung-fu conjugal (gĂ©nial Shaolin contre Ninja), tout semble possible. Et pourquoi pas le kung-food ? Lors d’une confĂ©rence et d’un atelier, la chercheuse TĂ©rĂ©sa Faucon opĂšre ce rapprochement fructueux entre chorĂ©graphie des gestes culinaires et art martial. Une fusion rĂ©alisĂ©e par Tsui Hark dans son rĂ©jouissant Festin chinois, tandis que Fruit Chan fait rimer raviolis avec horreur dans Nouvelle cuisine.

Et maintenant, quel cinéma ?

Avec l’adoption de l’article 23 en mars dernier, qui complĂšte la loi de SĂ©curitĂ© nationale promulguĂ©e en 2020, l’étau se resserre Ă  Hong Kong. Dans ce contexte, quel avenir pour le cinĂ©ma? Si l’ñge d’or des films de genre semble rĂ©volu, il existe de jeunes cinĂ©astes qui filment Hong Kong aujourd’hui. Tous inĂ©dits en France, ces films sont des portraits intimes, trĂšs ancrĂ©s dans la ville, qui capturent et gardent la trace de lieux menacĂ©s de disparition. De la gentrification de Kowloon (The Way We Keep Dancing) Ă  la comĂ©die romantique ultra-connectĂ©e Far Far Away, en passant par le mĂ©lo social The Sunny Side of the Street, ces films nous font voyager dans Hong Kong au plus prĂšs de ceux et celles qui l’habitent.

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En mai

La rĂ©trocession en marche 

1984. Les premiers ministres de la RĂ©publique populaire de Chine et du Royaume-Uni, Zhao Ziyang et Margaret Thatcher, se retrouvent Ă  PĂ©kin pour la signature du traitĂ© encadrant le processus de rĂ©trocession de Hong Kong. Le compte Ă  rebours fatidique vers 1997 et la perspective du dĂ©sastre Ă©conomique, social et politique Ă  venir, nourriront tout un pan du cinĂ©ma hongkongais, du Chinese Box de Wayne Wang (1997) au Made in Hong Kong de Fruit Chan (1997). L’annĂ©e 1984 est aussi choisie par le programmateur hongkongais Clarence Tsui pour une carte blanche sur ce moment charniĂšre.

Du kung-fu
 

Le cinĂ©ma de Hong Kong s’est fait connaĂźtre dans le monde entier grĂące Ă  ses films d’arts martiaux qui trouvent leur origine dans la tradition de l’opĂ©ra chinois. Les journalistes et auteurs François et Max Armanet le font connaĂźtre Ă  partir de 1981 par leurs articles dans LibĂ©ration avec le soutien de Serge Daney. Ils prĂ©sentent leur documentaire Kung Fu, cinĂ©ma de Hong Kong et sĂ©lectionnent des chefs-d’Ɠuvre de Chang Cheh (La Rage du tigre, 1971) ou de Liu Chia-liang (La 36e Chambre de Shaolin, 1978). Les films de sabre, appelĂ©s « wu xia pian », sont alors au plus haut de leur renommĂ©e.


 au polar 

À partir des annĂ©es 1980, sous l'influence de personnalitĂ©s telles que Jackie Chan, le polar prend peu Ă  peu le pas sur le kung-fu. Parmi les raretĂ©s programmĂ©es : Cops and Robbers d’Alex Cheung et l’électrisant Long Arm of the Law de Johnny Mak.
 

En avril

Hong Kong, la ville et ses fantĂŽmes

Hong Kong fait partie de ces villes dont la forme et l’histoire se sont construites au fil des guerres ou des dominations successives. Entre l’Empire chinois, la colonisation britannique, l’occupation japonaise et la rĂ©trocession Ă  la Chine, c’est une rĂ©gion Ă  la croisĂ©e des langues et des cultures, autant qu’un carrefour Ă©conomique stratĂ©gique. La question est donc double : comment les arts, et en particulier le cinĂ©ma, s’y sont-ils dĂ©veloppĂ©s Ă  travers les Ă©poques et quel imaginaire la ville a-t-elle suscitĂ© Ă  travers le monde ? Question Ă  laquelle il nous faut rĂ©pondre en faisant dialoguer la ville rĂ©elle et la ville fantasmĂ©e.

Une histoire de cinéma riche et variée

L’histoire du cinĂ©ma hongkongais dĂ©bute avec l’invention du cinĂ©matographe lui-mĂȘme. À peu de choses prĂšs. Les relations avec ShanghaĂŻ sont essentielles et mĂ©ritent qu’on s’y attarde, ne serait-ce que parce que certains tournages y ont Ă©tĂ© dĂ©localisĂ©s. Cet Ăąge classique a produit bien des chefs-d’Ɠuvre mĂ©connus. Le cinĂ©ma de genre a structurĂ© l’économie du cinĂ©ma hongkongais, notamment Ă  travers les grands studios, dont la Shaw Brothers est le plus emblĂ©matique. Durant plusieurs dĂ©cennies, la firme familiale a produit des comĂ©dies musicales, des fresques historiques, jusqu’à son Ăąge d’or des annĂ©es 1960-1970 oĂč le wu xia pian devient sa marque de fabrique, avec des acteurs stars (David Chang, Ti Lung) et des rĂ©alisateurs qui forgent le style du film d’action hongkongais (Chang Cheh, dont John Woo fut l’assistant). Une nouvelle vague arrive dans les annĂ©es 1980, qui signe la fin du studio, et voit naĂźtre les auteurs majeurs du cinĂ©ma d’action, dont l’inventivitĂ© folle sera pillĂ©e par les cinĂ©astes amĂ©ricains, Ă  commencer par Tarantino (pensons Ă  Tsui Hark, Johnnie To, John Woo, Ringo Lam, etc.). Enfin, Wong Kar-wai, dans les annĂ©es 1990, symbolise la mĂ©lancolie formelle de la rĂ©trocession en 1997.

Un canon de la pop culture

Ce cinĂ©ma de genre est l’une des sources principales de la culture populaire, un maelstrom de figures et de motifs, au point d’avoir constituĂ© l’un des canons de la pop culture. Le jeu vidĂ©o a largement explorĂ© cette nouvelle grammaire apportĂ©e par un cinĂ©ma aussi violent et Ă©rotique que spectaculaire et expĂ©rimental. CĂŽtĂ© bande dessinĂ©e, il y a toute la tradition du manhua, inspirĂ©e de la tradition chinoise, tout comme des mangas et des comics. Des arts qui ne manquent pas de verser dans la subversion politique, au grĂ© des dogmes de la censure. Ajoutons que les stars du cinĂ©ma hongkongais, Ă  commencer par Bruce Lee, sont devenu·es des icĂŽnes de l’imaginaire collectif, dont nous revisitons l’influence singuliĂšre.

Bon plan

BĂ©nĂ©ficiez d'un accĂšs illimitĂ© Ă  toutes les sĂ©ances de Portait de Hong Kong, avec la carte Forum Hong Kong, pour 28 €.
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Les séances

Interdit - 16 ans

Limbo

de Soi Cheang

Édito

AprĂšs la « rĂ©volte des parapluies », en 2014, quelque chose de notre imaginaire cinĂ©phile s’est fissurĂ©. La rĂ©alitĂ© s’ébrouait pour se dĂ©barrasser de la mĂ©lancolie occidentale dont nous la recouvrions. Hong Kong, c’était d’abord un cinĂ©ma de genre, portĂ© au pinacle juste avant la rĂ©trocession de cette colonie britannique Ă  la Chine. En ce temps-lĂ , Tsui Hark, John Woo, Johnnie To, Ringo Lam ou Wong Kar-wai rĂ©inventaient les formes du cinĂ©ma et les figures du temps. Une nostalgie
par anticipation saisit le peuple cinĂ©phile qui voyait disparaĂźtre sous ses yeux cet Atlantide de crĂ©ativitĂ©, qu’une opportuniste greffe hollywoodienne finissait de dĂ©vitaliser. C’est l’histoire que l’on se racontait.

C’est en partie cette histoire que raconte notre derniĂšre grande thĂ©matique de la saison, situĂ©e entre un territoire fantasmĂ© par le cinĂ©ma et sa rĂ©alitĂ© contemporaine. Nous avons remontĂ© le temps (Ă  tous les sens du verbe), pour mieux dĂ©construire nos Ă©lans nostalgiques et nos visions europĂ©ocentrĂ©es. Ce pont jetĂ© entre le fantasme et la rĂ©alitĂ© constitue
un paradoxe qui ressemble Ă  Hong Kong. Il tĂ©moigne aussi de notre place d’ĂȘtres humains au cƓur d’un vaste, si vaste
archipel d’images.

Peut-on habiter un archipel d’images comme on habite une ville, comme on habite une Ăźle ? Se souviendra-t-on un jour de nos vies de 2024 comme on se souvient aujourd’hui de Hong Kong ? Et si nos programmes n’étaient que l’archive d’un avenir que vous, oui vous, qui lisez ces lignes, ĂȘtes en train d’écrire ? RĂ©ponse juste avant la rĂ©trocession de « notre » planĂšte.

Fabien Gaffez
directeur artistique du Forum des images

Tarifs

plein: 7,20€

rĂ©duit : 5,80€ 
(moins de 30 ans, Ă©tudiant·es, demandeur·ses d’emploi, plus de 60 ans, personnes en situation de handicap).

carte UGC IllimitĂ© : 5 €

moins de 14 ans : 4,50€

prĂ©fĂ©rentiel : 4 €
(pour les détenteurs de la carte Forum Liberté et leurs accompagnant·es, les accompagnant·es des détenteur·rices de la carte Forum Illimité et de la carte TUMO Paris, les agents de la ville de Paris, les adhérent·es de la carte POP' du Centre Pompidou)

Ă©tudiant·es TUMO Paris : gratuit, 4 € pour leurs accompagnant·es

Les cours de cinĂ©ma : 
Entrée gratuite

BON PLAN : toutes nos sĂ©ances en accĂšs IllimitĂ© avec la carte Forum Hong Kong : 28 € !
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Expo

L'exposition Hong Kong 1984 par Françoise Huguier

Du 3 avril au 7 juillet. Entrée gratuite.

De la photographie de mode au reportage, de l’instantanĂ© aux mises en scĂšne, Françoise Huguier documente et rĂ©vĂšle la diversitĂ© du monde : ses territoires, ses paysages, ses habitant·es. Son Ɠil capture le temps des lieux qu’elle traverse, libĂ©rant la puissance sublime d’un prĂ©sent perpĂ©tuel.

En 1984, pour un numĂ©ro spĂ©cial des Cahiers du cinĂ©ma, elle accompagne Charles Tesson et Olivier Assayas Ă  Hong Kong et rĂ©alise un reportage photo. Nous avons choisi avec elle vingt clichĂ©s parmi ses riches archives : rues d’un Hong Kong en pleine mutation, visite des studios de cinĂ©ma, tournage de films et quelques portraits de rĂ©alisateurs lĂ©gendaires tel King Hu ou appelĂ©s Ă  devenir cultes tel Tsui Hark.

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