Le cinéma Fiction
Vendredi 12 septembre à 14h15

Le Pont

L'Étrange Festival. Carte blanche Adilkhan Yerzhanov. Présenté par Adilkhan Yerzhanov.

Le Pont (Die Brücke)

de
  • Bernard Wicki

Avec
  • Folker Bohnet
  • Fritz Wepper
  • Michael Hinz
  • Frank Glaubrecht
  • Karl Michael Balzer
  • Fiction
  • Allemagne
  • VOSTF
  • 1959
  • 103 min
  • Noir et blanc

Drame/Guerre

À peine mobilisé, un groupe de jeunes Allemands reçoit l’ordre de protéger un petit pont de leur village natal, que la Wehrmacht prévoit elle-même de détruire. Emportés par leur idéalisme, ils défendront ce bout de pierre, coûte que coûte.

Cette adaptation du roman pacifiste autobiographique de Gregor Dorfmeister, lui-même inspiré par un fait historique oublié, est considérée comme le premier film mettant en scène la guerre et la dénonçant, du côté allemand. Il n’y a peut-être que dans un Requiem pour un massacre, du Russe Elem Klimov, qu’on respire autant cette absurdité de la guerre, avec ces adolescents sacrifiés, des gamins qui jouent aux soldats comme en maternelle, déjà embourbés dans l’idéologie nazie, par principe. Après nous les avoir fait aimer dans leur petit village, Wicki capte leur premier sourire quand ils tuent, leur terreur quand ils meurent.

Adilkhan Yerzhanov : « Le Pont a influencé non seulement Requiem pour un massacre, mais aussi le film de guerre dans son ensemble.
Avec un naturalisme extrême – sans musique, sans pathos – Bernhard Wicki raconte l'histoire d'un groupe de garçons de 16 ans envoyés défendre le pont du Führer.
Un pont dont personne n'a besoin. Et au fil du film, sur ce pont, les fondements mêmes du patriotisme totalitaire, de la propagande, de l'idéologie et du militarisme volent en éclats.
Le suspense est saisissant ; la mise en scène, superbe.
Les chars sont en bois, mais plus convaincants que dans d'autres films. Les combats sont réalistes et chargés psychologiquement. L'éclairage, filtré par la fumée, crée une atmosphère fantomatique. La scène de la retraite nocturne est une leçon d'éclairage cinématographique.
Et puis, lors d'un cours d'anglais, les mots de Shakespeare résonnent profondément différemment :

« Que le noir manteau de la nuit me recouvre,
Mais si tu ne m'aimes pas, alors ils peuvent venir
Si leur colère doit me faire périr
Cela vaut mieux que de ne pas être aimé de toi durant ma vie entière. »

Un avertissement de 1959 à tous les futurs admirateurs des régimes : en fin de compte, ce sont les enfants qui défendront les ponts inutiles, sans aucune chance de survie. »

Scénario : Bernhard Wicki, Michael Mansfeld, Karl-Wilhelm Vivier (d'après le roman de Manfred Gregor)
Photographie : Gerd von Bonin
Montage : Carl Otto Bartning
Musique : Hans-Martin Majewski
Production : Hermann Schwerin, Jochen Schwerin

• Présenté par Adilkhan Yerzhanov.