Vendredi 09 septembre 2011 à 17h15

La Ricotta précédé de Simon du désert

Carte blanche à Liliana Cavani et Julien Temple

Simon du désert

de Luis Buñuel

Avec | Claudio Brook, Enrique AlvarezFelix | 1965 | 45 min | Noir et blanc

Comme Siméon le Stylite, Simon vit en ermite sur une colonne. Un riche miraculé lui en offre une encore plus haute et plus belle. L’homme se livre à la prière, au jeûne et à la méditation. Le diable lui apparaît sous plusieurs formes : une femme qui passe, une fillette au cerceau, Jésus ricanant qui donne un coup de pied au doux agneau...

Un diable de film, le dernier de la période mexicaine de Luis Buñuel, réalisé entre LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE (1963) et BELLE DE JOUR (1966) : inachevé, hérétique, méconnu. Une relecture de la vie de Saint-Siméon, ascète syrien qui aurait vécu quarante ans sur une colonne. Avant la chute, drôle et désespérée. Ce geste surréaliste sera réutilisé dans un autre Buñuel : LA VOIE LACTEE (1969), coécrit avec Jean-Claude Carrière, où des personnages d’époques différentes se croisent dans un même espace-temps.

Julien Temple : « J’ai beaucoup d’admiration pour Buñuel, même si j’ai une nette préférence pour sa période mexicaine, plus débridée, plus audacieuse que sa période française, à l’image justement de SIMON DU DESERT, moyen métrage par défaut (Buñuel n’a jamais été en mesure de filmer toutes les séquences prévues)qui démarre de façon très classique, à la manière d’un spectacle biblique, et qui s’achève dans le délire le plus total. Sans crier gare, on se retrouve dans un club rock à New York, façon années 60, avec des couples se livrant à une danse bizarre. J’ai toujours suspecté les Monty Python de s’en être largement inspirés pour LA VIE DE BRIAN. »

La Ricotta

de Pier Paolo Pasolini

Avec | Orson Welles, Laura Betti | 1963 | 40 min | Couleur

Un réalisateur reconnu tourne une version de La Passion du Christ. Sur le plateau, entre les prises, les acteurs passent le temps. L’un d’entre eux, Stracci, n’a qu’une idée en tête : trouver à manger...

LA RICOTTA fait partie du film à sketches ROGOPAG, coréalisé avec Jean-Luc Godard, Roberto Rossellini et Ugo Gregoretti. À l’époque, il fut saisi par la censure en raison de ce segment jugé blasphématoire. Pasolini écopera à cette occasion d’une peine de 4 mois de prison avec sursis pour « outrage à la religion d’État ». En appel, le procureur de la république retirera sa plainte et ordonnera le non-lieu. Peut-être, parce qu’entre-temps, Pasolini venait d’être choisi pour représenter l’Italie au Festival de Venise avec L’EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.

Liliana Cavani : « L’histoire d’une tragédie, qui se déroule en marge d’un plateau de tournage, racontée avec une vitalité inoubliable. »