Trio infernal (Le)

En 1919 à Marseille, George Serret, avocat véreux et ancien héros de guerre, sa compagne Philomène et sa belle-soeur et amante Catherine, sont spécialisés dans l’escroquerie à l’assurance-vie.

Pour son premier long-métrage, Francis Girod porte à l’écran un sordide fait divers, et nous offre le portrait décadent de trois amants passés au meurtre dans une Europe à peine cicatrisée des blessures de la Grande Guerre. Aux côtés de ses deux partenaires Romy Schneider et Masha Gomska, Michel Piccoli nous offre une interprétation impériale et déchaînée, le tout mis en musique par le grand Ennio Morricone et co-scénarisé par Jacques Rouffio (LE SUCRE, SEPT MORTS SUR ORDONNANCE). Sulfureux !

Mauvais Genres : « Il est un cinéma amoral, immoral, voici un film tumoral, au sens où il tente de circonscrire, de palper et de soupeser une tumeur, une belle grosse truffe logée au profond de la société française et qui lui bouffa tout, l’âme et les tripes. Son nom : la Première guerre mondiale. On est en 1919, la France gît en paix. Après avoir beaucoup expiré, les français respirent enfin, les défunts s’honorent, les affaires reprennent (ont-elles jamais cessé ?) Resté du côté de la mort, revenu médaillé et couturé des tranchées, maître Sarret (Michel Piccoli) agence, avec les Schmidt Sisters (Romy Schneider et Mascha Gonska), des escroqueries à l’assurance au mécanisme infaillible. Passant l’humour noirissime de certaines productions italiennes ou anglaises, outrepassant le cynisme grinçant de rares films français (LANDRU de Chabrol, 1963), Francis Girod (dont c’est le premier film) commet un film swinguant et gluant, bestial et suicidaire. Le pilonnage est total : bourgeoisie, église, armée, politique, tout part à la benne. Par ailleurs, si, après PSYCHOSE, la douche vous laisse hésitant, après LE TRIO INFERNAL, la baignoire vous sera impossible. Hauts les coeurs ! »