Scum
De Alan ClarkeAvec, Ray Winstone, Mick Ford, Julian Firth, John Blundell, Phil Daniels, John Fowler, Ray Burdis, Fiction, Grande-Bretagne, vostf, 1979, 98 min, Couleur
Angleterre, années 1970. Trois jeunes, Carlin, Davis et Archer, arrivent dans un borstal. Ils découvrent terrifiés que c’est la loi du plus fort qui y règne et vont se retrouver pris dans l’engrenage d’un système sans issue.
Premier long-métrage de fiction d’Alan Clarke, Scum est initialement prévu pour la télévision, réalisé mais jamais diffusé suite à la censure de la BBC. Le cinéaste retrouve donc une partie de son casting original (dont l’impressionnant Ray Winston) pour en livrer ce remake sur grand écran. Peinture sans concessions d’un univers carcéral qui broie les individus, le film demeure une pierre angulaire du cinéma social britannique.
Pierre Bordage à propos de Scum : « Je ne me souviens plus des circonstances dans lesquelles j’ai découvert ce film, je me souviens seulement de l’énorme claque émotionnelle que j’ai reçue à son visionnement. La violence omniprésente dans le borstal (centre de redressement pour jeunes délinquants en Angleterre) m’a sauté à la gorge. Filmé avec une froideur clinique, rageuse, ce film d’abord prévu pour la télévision, puis censuré à cause de son contenu choquant, a été retourné pour le cinéma en 1979. Le
Royaume-Uni s’est probablement regardé dans cette oeuvre comme dans un insupportable miroir, puisque, trois ans après sa sortie en salles, les borstals ont été fermés. La description sans complaisance d’un huis clos étouffant où règnent la tyrannie de l’encadrement (les gardiens sont d’un cynisme abject) et celle des codétenus qui, pour de menues faveurs, se chargent de maintenir et même d’accentuer la terreur, acculant les plus fragiles au suicide, laisse un arrière-goût de colère et d’amertume, tout comme les films influencés par Scum : Hunger, de Steve McQueen (2008) et Dog Pound de Kim Chapiron (2010). Je lui associerai également deux précurseurs, La Colline des Hommes Perdus de Sidney Lumet (1964) et Orange Mécanique de Stanley Kubrick (1971), qui traitent également de l’impitoyable normalisation des indociles. »