Sankara n'est pas mort
De Lucie ViverDocumentaire, France, VOSTF, 2019, 110 min, Cinéma Numérique 2K
Quand Thomas Sankara est assassiné en 1987, Bikontine n’a que cinq ans. C’est sa génération qui se soulèvera des années plus tard pour renverser enfin son successeur, Blaise Compaoré. Mais une fois la vague d’espoir retombée, la question devient lancinante : que reste-t-il du « pays des hommes intègres » ? Faut-il migrer ou rester ? Dans ce « Route One: Burkina », c’est un poète qui part à la rencontre de ses compatriotes pour redécouvrir son propre pays, en suivant le tracé d’une voie ferrée. Et c’est une étrangère qui l’accompagne et en fait son personnage. Bikontine porte bien son prénom, qui signifie « enfant adulte ». C’est d’ailleurs dans une école qu’il entame son voyage, cahier et stylo bille en poche. On y apprend que les trois couleurs du drapeau burkinabè renvoient à l’agriculture, à la lumière et au sang versé par les ancêtres. Bikontine rencontre effectivement quelques travailleurs de la terre au fil de son périple, mais aussi des balayeuses, chercheurs d’or, médecins… Avec curiosité et ouverture, il entame la conversation avec tous, jusqu’à déceler le sentiment de chacun face à une société insatisfaisante. Le sang des ancêtres apparaît sous la forme d’un pont, construit en 1932 sur ordre des français, mais certainement pas de leurs propres mains. Sankara serait quant à lui la lumière qui éclaire la route de Bikontine. C’est cet homme, dont le visage ne cesse d’apparaître sur écrans, livres et t-shirts, qui fit prolonger la ligne de chemin de fer burkinabè jusqu’à Kaya. Arrivé au terminus, le poète devra poursuivre sa route seul, dans un présent qui ne demande qu’à s’écrire.
–Olivia Cooper-Hadjian
When Thomas Sankara was assassinated in 1987, Bikontine was only five. It was his generation that rebelled years later to finally overthrow his successor, Blaise Compaoré. But after the wave of hope subsided, the question remains: what is left of the “country of honest men”? Should people emigrate or stay. In this “Route One: Burkina”, a poet sets out to meet his compatriots and rediscover his own country by following the route of a railway track. And a foreigner accompanies him and turns him into the film’s main character. Bikontine suitably bears his given name, which means “adult child”. In fact, he begins his journey in a school, a notebook and ballpoint in his pocket. We discover that the three colours of the Burkinabe flag denote agriculture, light and the blood shed by the ancestors. Indeed, on his journey, Bikontine meets workers on the land, but also street sweepers, gold-diggers, doctors… Curious and open-minded, he starts up conversations with everyone, until he uncovers how each one feels about an unsatisfying society. The blood of the ancestors appears in the form of a bridge, built in 1932 on the orders of the French, but certainly not with their own hands. Sankara is the light that illuminates Bikontine’s path. This is the man, whose face constantly appears on screens, in books and on T-shirts and who had the Burkinabe railway extended to Kaya. On his arrival at the terminus, the poet must now continue his journey alone, in a present that is just waiting to be written.
–Olivia Cooper-Hadjian