Pasqualino
De Lina Wertmüller(Pasqualino Settebellezze), Avec, Giancarlo Giannini, Fernando Rey, Shirley Stoler, Elena Fiore, Fiction, Italie, vostf, 1975, 116 min, Couleur
Durant la Seconde Guerre mondiale, en Italie, l’ascension d’un escroc minable qui traverse les événements et les lieux les plus innommables, prêt à toutes les lâchetés et abjections pour sauver sa peau.
Pasqualino constitue la figure même de l’anti-héros de Lina Wertmüller, ici à son apogée obscène et cynique. Son acteur fétiche Giancarlo Giannini y fait des étincelles, érigeant la vulgarité et l’antipathie au rang d’œuvre d’art. Mais qu’on ne s’y trompe pas, dans ce film trivial porté par un formalisme puissant, c’est bien l’horreur que métamorphosent le grotesque et l’humour dévastateur de la cinéaste, qui décompose et anéantit violemment tous les concepts de virilité, en les mettant en miroir du fascisme. Lina Wertmüller tue le mâle italien avec le cinéma comme arme du crime.
Lynne Ramsay à propos de Pasqualino : « Situé dans l’Italie fasciste de Mussolini, le film est le portrait d’un imbécile (Pasqualino) dont le sens macho de « l’honneur » est mis à mal par des insultes proférées contre ses sœurs peu avenantes. L’attitude de plus en plus burlesque de Pasqualino se transforme en préservation de soi au prix de n’importe quel acte dépravant ou humiliant : dans le tumulte d’un monde en guerre, son seul geste héroïque c’est de survivre. Le chef d’œuvre de Lina Wertmüller est une tapisserie d’orgueil picaresque parfaitement tissée, hilarante, absurde et horrifique. »