Paris Stalingrad
De Hind Meddeb , Thim NaccacheDocumentaire, France, VOSTF, 2019, 88 min, Cinéma Numérique 2K
Eté 2016, Paris, des personnes réfugiées campent quartier Stalingrad dans l’attente de régulariser leur situation. Hind Meddeb et Thim Naccache sont là, comme de nombreuses personnes, en soutiens, en voisins, et dessinent le quotidien et la géographie de Stalingrad, espace - frontière au coeur de Paris. Un labyrinthe physique se mêle au labyrinthe administratif déjà en place, la ville refoule. Contrôles, nasses, évacuations, grillages. Comment faire lieu, faire collectif, comment habiter un espace qui empêche d’exister ? Le film cartographie le calvaire : points d’eau, coins d’ombres, parcs isolés, tables de pingpong pour cuisiner. Aux abords des terrains de tennis, les réfugiés se reposent au contact des joueurs qui continuent de s’exercer et se réveillent avec les joggeurs qui s’étirent. Les corps s’intègrent difficilement mais un collectif nait et une coexistence s’installe. Du groupe, s’élève la voix de Souleymane, jeune exilé du Darfour dont les poèmes viennent cohabiter avec la voix off de la cinéaste. Souleymane circule, erre, se perd, resurgit et raconte. A mesure que le film trace les itinéraires dans Paris, un autre trajet se dessine : les témoignages éclatés évoquent la Libye, Vintimille, Calais. Echos d’une route commune alors que Paris repousse et disperse. De Stalingrad à La Chapelle, du jardin d’Eole aux maréchaux, les camps sont démantelés, les corps échouent, isolés, au bord de la ville. Souleymane s’en sort, la caméra le suit, l’échappée est solitaire. Le collectif éclate, disparaît du cadre, mais le film vient faire mémoire d’un lieu, Stalingrad, où il aura été question de survivre ensemble.
–Clémence Arrivé
Summer 2016, Paris, refugees are camping in the Stalingrad district while waiting to regularise their situation. Like many others, Hind Meddeb and Thim Naccache are there as support people, as neighbours, and film the daily life and geography of Stalingrad, a frontier-space in the heart of Paris. A physical labyrinth added to the bureaucratic labyrinth already in place – the city turns away. Controls, round-ups, evacuations, fencing. How to make room, be collective. How can you live in a space that prevents you from existing? The film maps out the ordeal: water points, dark corners, isolated parks, ping-pong tables to cook on. Just next to the tennis courts, the refugees take a rest while the players continue training, and awake as nearby joggers exercise. It is difficult for the bodies integrate but a collective emerges and a coexistence settles in. From out of the group, we hear the voice of Souleymane, a young refugee from Darfour whose poems mingle with the filmmaker’s voice-over. Souleymane walks around, wanders off, gets lost, re-appears and talks. As the film tracks the itineraries in Paris, another journey takes shape: fragmented stories evoke Libya, Vintimille, Calais. Echoes of a shared journey, whereas Paris repels and divides. From Stalingrad to La Chapelle, from the Jardins d’Eole to the city ring-roads, bodies end up isolated on the city outskirts. Souleymane leaves the group, the camera follows him, a solitary escape. The collective breaks up, disappears from the frame, but the film exists as the memory of a place, Stalingrad, where it was a matter of surviving together.
–Clémence Arrivé