Love Scenes, exposition de Jules Magistry
Tout part des scènes d’amour.
En fait, d’une scène en particulier : celle du feu de camp dans My Own Private Idaho de Gus Van Sant. Celle qui pour moi était ce qui se rapprochait le plus de ce que je connaissais comme jeune gay, c’est-à-dire une déclaration romantique un peu étouffée à quelqu’un qui ne peut pas aimer en retour.
Puis c’est Nowhere de Gregg Araki, un monologue final mélancolique et nihiliste (faussement) sauvé par l’amour et la tendresse absolue.
Puis le début d’un regard et d’une belle histoire dans un Éden de courte durée dans Brokeback Mountain (vu un peu gêné avec ma mère à l’époque). Ça finit très mal (ma mère pleurait encore plus que moi, elle a vécu je crois à travers le film ma mort possible sous les coups des autres dans un monde homophobe).
Et Les Chansons d’amour ensuite, là on commençait par la tragédie ! Quel soulagement, on réservait l’espoir pour la fin, et l’espoir était gay. Et alors la suite ? Elle prend forme en partie dans cette exposition : peut-être comme dans Her dans une solitude existentielle et amoureuse outillée par l’IA, ou lesbien et puissant comme dans Go Fish, ou encore à 3 ou à plus comme dans Splendor !
Mais en tout cas, notre romcom collective se fait et se fera plus belle, plus inventive, mieux écrite pour tou·tes : plus de sexe (ou pas si pas envie), plus d’amour, plus de scénarios qui ne finissent pas en mort, en maladie, en tragédie, que les séparations soient sincères et déchirantes mais pas destructrices, qu’on soit jaloux·ses mais qu’on ne le fasse payer à personne, qu’on puisse se dire encore qu’on s’aime longtemps après, ensemble ou pas ensemble, qu’à ce sentiment qu’on a pu trouver risible, « romantique », ne se rattache pas obligatoirement le mot « comédie », mais qu’il n’y ait plus besoin d’autre mot que le premier.
Il contient tout, car on le vivra à la Kaboom dans une explosion orgasmique faisant table rase d’un monde jusqu’à la prochaine histoire et la suivante, et la suivante, et la suivante…
— Jules Magistry
• Vernissage sur invitation mardi 17 septembre à 19h30 à l'occasion de la présentation de la saison 2024-2025 au Forum des images.
• Exposition jusqu'au dimanche 17 novembre 2024.
• Entrée gratuite, billet à retirer en caisse.
Dans le cadre de la thématique Refaire L'amour, la comédie romantique dans tous ses états.