Jeff Bailey raconte son passé à la jeune femme qu’il doit épouser : avant de s’occuper d’une petite station service, il a exercé la profession de détective privé. Un jour, il a été chargé par un joueur professionnel, Whit Sterling, de retrouver son amie Kathie, qui s’est enfuie avec une grosse somme d’argent, après lui avoir tiré dessus. Bailey la retrouve à Acapulco…
Détective privé, femme fatale, double jeu et trahison, relation perverse et empoisonnée entre le passé et le présent… L’archétype du film noir, inspiré par Le FAUCON MALTAIS (John Huston, 1941), sublimé par la photographie en noir et blanc de Nicholas Musuraca, chef opérateur de LA FELINE et célèbre pour la rencontre entre Robert Mitchum et Kirk Douglas, deux monstres sacrés du cinéma américain, 23 ans avant LA ROUTE DE L’OUEST d’Andrew V. McLaglen.
Julien Temple : « Pour Robert Mitchum déjà, un acteur qui ne cesse de me fasciner… Pour Tourneur ensuite, son art du “non-dit” et la photographie laiteuse de Nicholas Musaraca, le chef-opérateur de LA FELINE et de LA SPLENDEUR DES AMBERSON, plutôt inhabituelle pour un film noir. À tout considérer, LA GRIFFE DU PASSÉ n’est pas vraiment un film noir d’ailleurs. Tous les éléments constitutifs du genre (le triangle amoureux, le détective en trench-coat, la femme fatale) sont en place, mais on sent bien que ce n’est pas ce qui intéresse Tourneur. Pour preuve : cette très longue séquence d’exposition qui s’étire pratiquement sur 4 bobines (impossible de refaire ça aujourd’hui) et qui semble vouloir retarder le plus longtemps possible le moment où tomberont les masques… »