Mardi 09 janvier 2024 à 18h30

Fifi hurle de joie

De Mitra Farahani
100% doc. Documentaire sur grand écran. En présence de la réalisatrice Mitra Farahani.

Documentaire, États-Unis, vostf, 2013, 96 min, Couleur, Cinéma Numérique 2K

Fifi hurle de joie et Apolonia, Apolonia (séance à 21h) dépeignent deux portraitistes, l’un à l’orée de son ultime création, l’autre à l'aube de son œuvre. Dans les deux films, la relation qui se noue entre le peintre et la cinéaste contrecarre les lois du marché de l’art.

Portraits en abîme

Dans Fifi hurle de joie (2013) et Apolonia, Apolonia (2023), Mitra Farahani et Lea Glob s’illustrent par leur habileté à s’introduire dans l’atelier d’un·e artiste au travail, respectivement Bahman Mohasses, octogénaire iranien en exil en Italie, et Apolonia Sokol, étudiante aux Beaux-Arts de Paris, bientôt adoubée par le marché de l’art international. Le geste des deux cinéastes dialogue intimement avec ceux des peintres filmé·es. Elles mettent en tension le caractère figé de la peinture avec la durée propre à cette rencontre cinématographique. Glob comme Farahani acceptent que le cadre qu'elles posent soit sans cesse déplacé par leur sujet, induisant ainsi une immuable réflexivité pour les filmeuses.
— Claire Allouche, critique, doctorante et enseignante de cinéma

Fifi hurle de joie

Bahman Mohasses, artiste iranien célèbre pour ses portraits aussi provocateurs que malicieux, est-il toujours en vie ? En Iran, il reste de lui quelques œuvres et de vieilles photographies illuminées par son visage mi-frondeur mi-énigmatique. Il aurait quitté le pays dans les années 1950. Et depuis ?

Mitra Farahani mène l’enquête. Elle questionne les marchands d’art, elle se plonge dans les archives, elle multiplie les hypothèses. Elle s’envole pour Rome, où Mohasses se serait exilé. Opère alors un renversement des rôles : pour Mitra Farahani, il est l’heure de tirer le portrait de ce portraitiste iconoclaste. Mohasses ouvre progressivement son âme comme s’il s’agissait de la boîte de Pandore. Sa vie d’artiste semble consumée, tant ses œuvres ont été censurées, détruites, oubliées. Contre toute attente, Mohasses reçoit une commande, qu’il décide d’honorer. Farahani va veiller sur lui au cours de la création de cette ultime œuvre.

Dans ce portrait de l’artiste, involontairement testamentaire, Mitra Farahani excelle autant à interroger les silences d’une vie d’exil qu’à ranimer le désir de créer.

Prix international de la Scam, Cinéma du réel 2013.