Brisseau, 251 rue Marcadet
De Laurent AchardDocumentaire, France, VOFR STEN, 2018, 55 min, Cinéma Numérique 2K
Laurent Achard et son équipe ont choisi de faire parler Jean Claude Brisseau chez lui, dans sa salle à manger garnie d’ouvrages, le laissant évoquer à bâtons rompus sa passion de jeunesse pour les salles obscures, ses goûts et déceptions cinématographiques, ses aspirations et ses révoltes.
Quand Laurent Achard lui propose de le filmer pour Cinéma de notre temps, Jean-Claude Brisseau délimite un territoire précis, qui est le sien : sa maison, sa parole. Parce qu’il est de ces cinéastes qui convoquent le cinéma chez eux – il tourne et monte chez lui, y a bâti une salle de cinéma, y possède des milliers de films sur tous les supports possibles – et de ces cinéastes qui parlent de cinéma, à toute heure, en toute circonstance. En s’installant "chez Brisseau", comment ne pas se soumettre au film d’entretien, comment rester sur ce territoire tout en y créant un autre espace, comme une enclave, et un autre temps que celui du discours brissaldien ? Laurent Achard invente alors un dispositif où la parole n’est que l’une des matières de ce film de conversation : le temps se suspend, les fantômes se croisent, les verres dansent en un ballet burlesque, les chats furtifs traversent le plan, le cinéma se loge où l’on ne l’attend pas et soudain la maison contient le monde, la scène inclut les coulisses, l’unité de lieu et de temps multiplie les visions et Achard brosse le portrait drôle et fin d’un cinéaste de notre temps, Jean-Claude Brisseau.
–Gaël Teicher (Entrevues Belfort, 2018)
Laurent Achard and his crew chose to converse with Jean Claude Brisseau at home in his book-littered dining room, in a free-rolling reminiscence of his early passion for film theatres, his cinematographic tastes and disappointments, his aspirations and rebellions.
When Laurent Achard suggests filming him for Cinéma de notre temps, Jean-Claude Brisseau marks out a precise territory, one that is his own: his flat and his words. Because he is one of those directors who bring the cinema into their homes – he films and edits at home, has built a film theatre there with thousands of films on all types of media. One of those directors who talk about cinema at any hour of the day, in any circumstance. Settling down “chez Brisseau”, how can one avoid the interview format, stay on this territory yet create another space, a sort of enclave, and a time other than that of Brisseau’s discourse? Laurent Achard invents a device whereby the spoken word is but one of the components of this conversational film: time is suspended, phantoms cross paths, glasses dance in a burlesque ballet, cats sneak in and out of the frame, cinema is found in unexpected places and suddenly the house contains the world, the set encompasses a backstage, the unity of place and time multiplies viewpoints and Achard paints an amusing and subtle portrait of a filmmaker of our times, Jean-Claude Brisseau.
–Gaël Teicher (Entrevues Belfort, 2018)