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    Costa-Gavras
    Costa-Gavras

    La Master class de Costa-Gavras

    Quand en 1964 il se lance, à 31 ans, dans la réalisation de son premier film, Compartiments tueurs, Costa-Gavras, Constantin de son prénom, venu de sa Grèce natale pour apprendre le cinéma en France, ne peut certes imaginer que bientôt, et pour toujours sans doute, il deviendra l’incarnation de l’idée même de cinéma politique. Mais avec Z (1969), adapté par Jorge Semprun d’un roman de Vassili Vassilikos, il invente et impose une conception qui met au service du combat les armes employées d’ordinaire par le cinéma de divertissement, pour lequel elles ont été mises au point. Costa-Gavras aime le polar, il sait filmer l’action, ses deux premiers films l’ont démontré déjà, Z connaît un succès planétaire, qui lui ouvrira bientôt les portes de Hollywood.

    Avec L’Aveu, avec État de siège, avec Section spéciale, il reste fidèle à des principes auxquels il ne renoncera jamais, réussissant même à continuer de les servir dans le cadre de productions hollywoodiennes pour lesquelles il impose sa façon de voir et sa manière de faire : nul autre que lui pouvait imaginer Jack Lemmon en Américain bon teint partant à la recherche de son fils disparu dans le chaos du coup d’État de Pinochet, l’acteur préféré de Billy Wilder trouva pourtant dans Missing (1982) un de ses rôles majeurs. Comme Sissy Spacek à ses côtés, comme Yves Montand avant lui à plusieurs reprises, comme bientôt Jessica Lange (Music Box, 1989), John Travolta (Mad City, 1997) et beaucoup d’autres.

    Auteur complet, Costa est également, au côté de son épouse, le producteur de ses propres films, et parfois de ceux d’autres réalisateurs. D’un côté ou de l’autre de l’Atlantique, filmant parfois ici des livres écrits là-bas (Le Couperet d’après Donald Westlake), Costa-Gavras a continué depuis à faire ce qu’il avait envie de faire comme il avait envie de faire, fort de la conviction qu’“un film ne livre pas de message, mais pose des questions”, qu’il “ne dit à personne pour qui voter, mais renseigne le spectateur sur ses relations avec les autres et avec la société”. Tout cela sans oublier jamais le plaisir, dont il a fait la pierre de touche d’une cinéphilie jamais démentie, qui l’a conduit notamment à la présidence de la Cinémathèque française, et la raison d’être de son propre cinéma.

    Pascal Mérigeau

    Critique au Nouvel Observateur, Pascal Mérigeau a publié plusieurs ouvrages sur le cinéma dont “Pialat” (Éd. Ramsay, 2007), “Cinéma : autopsie d’un meurtre” (Éd. Flammarion, 2007) et “Depardieu” (Éd. Flammarion, 2008).