Regards croisés
Cette double sĂ©ance fait dialoguer deux films rĂ©flexifs, deux classiques qui donnent Ă penser lâĂ©nonciation et les points de vue. En donnant, par la post-synchronisation, un droit au regard, Ă la parole et Ă la fiction aux protagonistes de Moi, un noir, Jean Rouch organise une mise en abyme, une possible mise en crise de son propre regard, une dĂ©construction, pour utiliser un mot trĂšs actuel. Avec cette habitude rouchienne de remettre sur le mĂ©tier ses procĂ©dĂ©s et dispositifs, Petit Ă petit prolonge ce mouvement, renversant les rapports et les regards. Lâaspect potache de cette ethno-fiction truculente nâempĂȘche pas de porter un implacable et violent coup de griffe Ă lâanthropologie coloniale et Ă lâidĂ©ologie du progrĂšs vĂ©hiculĂ©e par lâOccident.