Lundi 12 septembre 2022 Ă  21h45

L'Empire des sens

De Nagisa Oshima
L'Étrange Festival. Carte blanche Cosey Fanni Tutti. SĂ©ance prĂ©sentĂ©e par Cosey Fanni Tutti.

(Ai No Korida), Avec, Eiko Matsuda, Tatsuya Fuji, Aoi Nakajima, Yasuko Matsui, Fiction, Japon, vostf, 1976, 111 min, Couleur

En 1936 au Japon, la folle histoire de passion amoureuse et sexuelle entre Sada Abe la servante et son maĂźtre Kichizo.

L’Empire des sens est un peu au cinĂ©ma ce que L’Origine du monde est Ă  la peinture : une Ɠuvre d’art qui marque une transition dans la reprĂ©sentation graphique du corps et dans l’érotisme, au point qu’on puisse affirmer qu’il y a un avant et un aprĂšs L’Empire des sens. Le mariage permanent du beau et du cru y provoque la sensation de capter l’essence de l’instant charnel et de l’orgasme. Cette alchimie, cette formule magique, Oshima en a gardĂ© le secret. L’Empire des sens est l’une des rares Ɠuvres oĂč le dĂ©sir fĂ©minin sort victorieux, en cette quintessence du don de soi et de l’acte d’amour.

Cosey Fanni Tutti à propos de L’Empire des sens :
« L’Empire des Sens est sorti pendant que je travaillais dans l’industrie du sexe dans les annĂ©es 70. J’étais trĂšs impliquĂ©e dans le monde du porno et les magazines de sexe oĂč j’apparaissais Ă©taient interdits, jugĂ©s pornographiques. Alors quand j’ai entendu parler du film d’Oshima, j’ai eu trĂšs envie de le voir. Oshima avait rĂ©ussi Ă  faire un film porno malgrĂ© les lois trĂšs restrictives contre l’obscĂ©nitĂ© au Japon et au Royaume Uni, en utilisant des infrastructures en France, oĂč ces lois venaient d’ĂȘtre abolies. Il semblait mener un combat contre la censure et l’oppression, et pour l’exploration de la sexualitĂ©. C’est tout ce qui m’intĂ©ressait Ă  l’époque. La prestation d’Eiko Matsuda (Sada) et Tatsuya Fuji (Kichizo) est incroyable. Ils vous entraĂźnent dans leur monde d’hyper-sensualitĂ© et de sexualitĂ©. Les scĂšnes de sexe, authentiques, sont trĂšs belles et filmĂ©es de façon exquise. Au final, c’est un film sombre, et mĂȘme les moments plus lĂ©gers donnent une impression dĂ©rangeante. Le film d’Oshima Ă©tait rĂ©volutionnaire, atteignant un niveau supĂ©rieur dans la qualitĂ© de la description d’actes sexuels extrĂȘmes, et des notions de pouvoir et de contrĂŽlerelationnel.»