La Chute d'Otrar

Lors des invasions mongoles en Asie centrale, la destruction de la ville antique d’Otrar par Genghis Kahn à travers le regard halluciné d’un soldat kaptchak.

 

À la fin des années 80, Kazakhfilm confia au jeune Ardak Amirkoulov, encore étudiant en cinéma, le tournage de cette fresque démiurgique écrite par Alexeï Guerman et Svetlana Karmalita. Le résultat dépasse l’entendement. D’une authenticité historique absolue, La Chute d’Otrar est l’avatar d’un cinéma total, un geste épique et poétique qui nous fait ressentir la violence dans la boue, l’apocalypse du massacre et la douleur de la tragédie. Mélangeant le noir et blanc, le sépia et la couleur, voici un chef d’œuvre visionnaire à l’égal de Tarkovski, de Kurosawa ou Guerman, qui cosigne d’ailleurs le scénario. Bien trop méconnu, rarement projeté, bref, immanquable.

 

Stephen Sayadian : « À travers des tortures élaborées et des exécutions cruelles, des couloirs palatiaux caverneux et des plaines enneigées désolées, La Chute d'Otrar d'Ardak Amirkoulov évoque l'Asie centrale au XIIIe siècle, alors que Gengis Khan attaquait la Route de la Soie, ravageant brutalement une civilisation entière. Alternant entre sépia texturé et couleurs saturées, cette épopée kazakhe se situe visuellement à mi-chemin entre les premiers Tarkovski et les derniers films de Kurosawa, tandis que le scénario d'Aleksei German et Svetlana Karmalita s’apparente à un essai pour leur ultime et macabre chant du cygne : Il est difficile d'être un Dieu. »