Mardi 06 octobre 2020 à 18h30

Tu crois que la terre est chose morte

De Florence Lazar
Documentaire sur grand écran / En présence de la réalisatrice et de Malcom Ferdinand (docteur en sciences politiques à Paris Diderot et chercheur au CNRS – sous réserve)

Documentaire, France, 2019, 70 min, Couleur, Cinéma Numérique 2K

Un quart des terres de Martinique est gravement pollué. Une seule raison à cela : le recours incontrôlé, pendant plusieurs décennies, à un pesticide extrêmement toxique, la chlordécone, pour traiter les bananeraies, première ressource économique de l’île.

Tu crois que la terre est chose morte déploie le contexte écologique et politique en Martinique à travers des rencontres avec des paysan·nes, un ethno-pharmacologue, une herboriste médicinale locaux. Ce contexte se caractérise avant tout par une pollution généralisée résultant de l’usage massif de la chlordécone. Pendant plus de vingt ans, ce pesticide cancérigène a été utilisé par un petit nombre de personnes descendant des premiers colons esclavagistes des Antilles, afin de préserver les plantations de bananeraies destinées à l’exportation. La pollution ainsi causée a rendu la vie de la population particulièrement précaire, et reflète ce que Malcom Ferdinand, dans Une écologie décoloniale, appelle un « habiter colonial » : « Plus qu’une contrainte par un effet de marché, la domination écologique désigne ici une imposition pure et simple d’une vie toxique. » Les différents personnages du film explorent des approches alternatives pour contrer cette destruction environnementale à partir de pratiques et transmissions de savoirs ancestraux. Ainsi, le regard sur la nature vacille ; elle apparaît tantôt comme domestiquée et exploitée à grande échelle, tantôt contaminée par des substances toxiques invisibles, tantôt comme une alliée dans la lutte pour la survie.