Samedi 05 juin 2021 à 16h00

Hôtel Monterey

Présenté par Céline Brouwez

Hôtel Monterey

de Chantal Akerman

Documentaire | Belgique, USA | 1973 | 65 min | Couleur | Cinéma Numérique 2K

L’Hôtel Monterey est un hôtel modeste à New York réservé aux marginaux de la société américaine. Chantal Akerman invite les spectateurs à une visite de ce lieu et à la rencontre des personnes qui y vivent, de la réception aux derniers étages.

« Le cinéma, pour moi, fait partie du même fantasme qu’ont les drogués : vivre des moments hors du temps et de tout, dans une pure incandescence. Il est en cela le contraire du rituel. Il n’y a plus rien, plus de mots, juste la consommation de quelque chose qui brûle dans un temps limité. » (Chantal Akerman)

« Le premier long métrage de Chantal Akerman, Hôtel Monterey, flotte dans un espace non-défini entre le documentaire, la fiction et l’expérimentation. Silencieux du début à la fin, il met en avant l’image afin de poser des questions importantes sur la vocation du cinéma et ses possibilités de révéler la réalité. Une étude minutieuse des différents recoins de l’auberge nous invite à devenir un résident-voyeur, témoin d’un espace-temps figé où toute action est mise en attente. Pourtant, les lieux nous sont révélés d’une manière telle qu’il demeure difficile de s’y repérer ou d’en reconstruire mentalement les multiples agencements. Akerman opte pour une fragmentation violente de l’espace où le cadrage détache des blocs de lieux fixes. Notre champ de vision s’en retrouve inconfortablement restreint et pourtant, le regard développe une certaine autonomie grâce au temps qui lui est accordé pour observer. L’expérience pourrait évoquer celle d’une visite au musée, lorsque nous découvrons une pièce qui, détachée de son environnement naturel, est exposée pour devenir objet d’art. Ce geste, loin d’être anodin, invite le spectateur à un temps de contemplation et de réflexion. » (Desislava Kasarova ; « Image, dispositif et réalité : Hôtel Monterey de Chantal Akerman », sur le site Hors Champ)

La Chambre

de Chantal Akerman

Fiction | Belgique | 1972 | 11 min | Couleur | Cinéma Numérique 2K

Deux panoramiques décrivent l’espace d’une chambre comme une succession de natures mortes : une chaise, des fruits sur une table, objets solitaires et en attente. Dans le fil de ces mouvements, une seule présence : une jeune femme assise dans un lit.

« Tout a commencé avec Michel Snow et son film La Région centrale. (…) Chantal et moi pensions que c’était le plus beau film que l’on avait jamais vu. (…) Et l’idée est venue, quelques jours plus tard, de faire un film à la Michael Snow, un mouvement continu de la caméra dans un espace unique. Chantal habitait dans une chambre sur Spring Street, dans un Soho qui en 1972 était encore désert. La chambre était petite, au deuxième étage, et avait des fenêtres à l’est et l’ouest. On était en hiver, je me souviens. Le soleil entrait dans la chambre en fin de matinée. Le mouvement continu, le lieu et l’heure était donc tout trouvés. (…) On découvrira plus tard dans Jeanne Dielman le même lien entre la systématique d’un concept de la caméra et du regard et l’attention portée aux gestes d’une vie. » (Babette Mangolte, Chantal Akerman, Autoportrait en cinéaste, 2004)