Courts métrages français pro 2e partie

Une petite fille souffre des silences des adultes et se sent dépouillée de son droit au deuil. Devenue adulte, elle explique les gestes tendres qui la lient aux morts.
Issue de La Poudrière, et ayant travaillé sur l’animation du très récompensé Moutons, loup et tasse de thé, Marine Blin propose avec ce film une animation tendre et métaphorique, oscillant entre pastels et traits au crayon.

Qui, de la lionne qui danse ou de la petite fille que l’on dresse, tiendra le mieux son rôle ? La Fée des Roberts saura qui est réellement digne d’attention.
Sélectionné à la Mostra de Venise 2021 et produit par le studio Folivari, ce dernier projet de la réalisatrice de Boobzilla change de pneus confronte les questions de féminité et d'exploitation animale dans un spectre de couleurs acidulées. Portrait violent et extravagant d’une société en pleine expansion, le film trouve des résonances troublantes avec le monde actuel.

Les liens du mariage sont fragiles, cela ne date pas d'hier.
La collection Républicature de Marc Faye propose de découvrir, à travers 12 courts métrages d’animation et avec humour et poésie, le destin de citoyennes et citoyens qui ont permis la promulgation des lois fondatrices de notre République. Ce film met donc en lumière la loi de 1884 qui permet aux femmes de briser leur contrat de mariage.

Yugo est un projet transmédia qui comporte 3 volets : un court métrage d'animation, de la réalité virtuelle, et un webdocumentaire. Le film raconte l'histoire d'un couple d'ouvriers industriels anonymes, confrontés à la migration, au travail et à la maladie. Usant de techniques mixtes (dessin à la poudre de métal, 3D, stop motion…), l’artiste visuel Carlos Gomez Salamanca explore à travers son travail les divers aspects sociaux et culturels de son pays, la Colombie. Son court métrage Lupus (2016), avait cumulé les prix et sélections en festivals.

STOP-MOTION
Dans les années 90 en Israël, une adolescente immigrée est déchirée entre son besoin de s’intégrer et son identité.
Créateurs du studio Tom et Hani de leurs propres noms, le duo de réalisateurs propose ici un film de marionnettes en silicone, entre mythe et réalité. Le scénario sensible d’Hani Dombe retrace les liens qu’elle tissait avec sa grand-mère immigrée russe, qui avait pour habitude de lui conter des légendes slaves. Un émouvant récit d’apprentissage, renforcé par l’étonnant réalisme des personnages modelés.

Rescapé sur un îlot, un homme se tient immobile accroché à son parapluie, sa seule arme contre ce déluge. C’est sur cette scène minuscule, aux limites extrêmes, que des individus seront contraints de vivre les uns sur les autres.
Réalisé en peinture animée et tourné à Toulouse dans les studios de la Ménagerie, Le Parapluie symbolise le questionnement du comportement humain face à la propriété individuelle. Sa réalisatrice, issue des arts plastiques, a reçu pour ce film une mention spéciale du jury Innovation au 21ème Valence Scénario – Festival international des scénaristes.

Franc prend beaucoup de plaisir à la préparation de son plat préféré : un steak. À l’autre bout de la ville, Liza se dépêche de rentrer de son travail. Elle est en retard.
Dans une ambiance brumeuse, entre quotidien et surnaturel, le film se veut doux en apparence, proposant tout de même une réflexion sur la psyché de ses protagonistes. La slovène Špela Čadež s’inscrit dans la lignée du cinéma d’animation indépendant, disant elle-même admirer les auteurs qui demeurent fidèles au genre : Michaela Pavlátová, Boris Labbé, Marta Pajek… Son film L’Oiseau de Nuit (2017), avait été sélectionné à Annecy.

Ce film est réalisé de façon indépendante, dans un studio maison avec un budget minime.
L'histoire de la vie qui défile à l'écran est représentée par un unique travelling. C'est sur ce rouleau de 36 mètres que les souvenirs et sensations s'impriment, laissent leurs marques. Le travail d'animation en stop motion suit le déroulé et le mouvement perpétuel de ce travelling. La conception sonore est réalisée au Studio Polyphone par Théophane Bertuit (frère du réalisateur). La musique, l'enregistrement des voix, le mixage son et la post-production sont également faits sur place, dans ce même studio.

Ce film raconte l’histoire de deux copains partant à la recherche d’oiseaux exotiques échappés d’un restaurant, avec dans l’idée de les revendre et de se faire un peu d’argent.
Animation au style dépouillé et au rare ratio 1:1, Easter Eggs est un film détonnant, au scénario étrange mais émouvant. Son esprit visuel style 90’ décèle une certaine mélancolie, mélangée à une aspérité presque malaisante faisant largement écho à l'atmosphère des Simpsons, ou encore de King of the Hill de S. Soderbergh. Sélectionné à Berlin, Rotterdam, et dernièrement à l’Étrange Festival, ce film est le second de Nicolas Keppens après Antilope (2017).

Un personnage peu inspirant décide de rendre visite à son auteur peu inspiré.
C’est ce que Franck Dion appelle « ses voyages imaginaires ». Autodidacte et touche à tout, il collabore aussi bien avec des maisons d’édition, que pour des magazines, décors de théâtre et animations documentaires. Il fonde en 2006 la société de productions Papy3D.  Ici, à travers une animation très léchée en noir et blanc, le réalisateur conte un touchant récit d’émancipation, dans un univers utopique menant une véritable réflexion tant sur la forme, que sur le fond. Il avait par ailleurs réalisé Edmond était un âne, nommé en 2013 pour le César du meilleur film d’animation.