Rétrospective intégrale : Kaouther Ben Hania
Hommage à une cinéaste impertinente et habile qui mêle avec brio la fable aux réalités politiques, les vérités aux mensonges, dans le registre du documentaire comme dans celui de la fiction.
Des personnages en résistance
Une indéniable obstination traverse les personnages du cinéma de Kaouther Ben Hania. La petite Amira colle sa main à sa chaise pour ne pas aller à l’école coranique (Peau de colle) ; la jeune Mariam persiste, pourtant démunie, à tenir tête aux hommes (La Belle et la Meute) ; une journaliste accule des témoins avec des questions insistantes (Le Challat de Tunis) ; Sam Ali, un réfugié syrien, va jusqu’à « prêter » son dos à un artiste pour retrouver sa liberté et son amour (L’Homme qui a vendu sa peau). Souvent, le corps devient une monnaie d’échange, élément symbolique et charnel, qui permet à la jeune réalisatrice tunisienne de créer une tension palpable et parfois dérangeante dans des récits audacieux, oscillant entre réalité, documentaire et fiction.
La parole et le corps
Kaouther Ben Hania invente des histoires, des personnages et des contes qui permettent d’insuffler de l’humour et une distance nécessaire pour aborder des sujets douloureux : la mort d’un père, l’exil forcé, la violence physique, le terrorisme. Si la place du corps, dernier refuge pour ceux et celles qui ont tout perdu, est centrale, la parole et ses non-dits le sont tout autant. Les mots d’une adolescente, filmée plusieurs années durant (Zaineb n’aime pas la neige), ceux d’un imam en formation (Les imams vont à l’école), de passants dans la rue (Le Challat de Tunis), de policiers en faute (La Belle et la Meute), d’un cheikh honnête (Les Pastèques du cheikh) révèlent la multiplicité des vérités, des versions d’un même fait, avec, en filigrane, les dilemmes autour de l’obéissance et des injustices. Jusqu’où, et à quel prix faut-il se battre pour obtenir sa vérité et conserver son intégrité morale ?
Les séances
vendredi 12 novembre
L’Homme qui a vendu sa peau (The Man Who Sold His Skin) de Kaouther Ben Hania
samedi 13 novembre
Le Challat de Tunis de Kaouther Ben Hania
dimanche 14 novembre
La Belle et la Meute (Aala Kaf Ifrit) de Kaouther Ben Hania
lundi 15 novembre
Zaineb n’aime pas la neige (Zaineb takrahou ethelj) de Kaouther Ben Hania
mardi 16 novembre
Les imams vont à l’école de Kaouther Ben Hania