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    Présentation du cycle "Manger !"

    Manger a beau être un besoin primaire, il ne se réduit pas pour autant à une simple fonction biologique. Avec ses dimensions symboliques, sociales, économiques et politiques, l’acte de manger inspire le cinéma qui, dans des registres très variés allant du burlesque au fantastique, questionne ce que l’on incorpore, depuis nos modes de production jusqu’à nos rituels de consommation.

    « Manger est un acte économique, moral et politique […]. Quand je mange, je révèle qui je suis et j’indique la place que je m’accorde et que j’accorde aux autres […]. Manger est un dire. En mangeant, je dis la loi, le besoin, le désir, le respect des autres et la justice. Même si je ne veux pas en entendre parler, les autres hommes, présents et à venir, et les autres vivants sont présents quand je mange – ils s’invitent à ma table », note la philosophe Corine Pelluchon,  qui sera l’invitée du programme au mois d’avril.

    Le motif du repas au cinéma offre des possibilités infinies de mise en scène pour explorer de multiples questions : qui nourrit qui ? Qui mange quoi, voire qui mange qui, et à quel prix ? Quels sont les tabous et les interdits ? Avec qui, et dans quel cadre, partage-t-on (ou pas) sa nourriture ? Les scènes à table révèlent des rapports de domination, de classe, de force, comme pour les maîtres et serviteurs dans Gosford Park ou La Règle du jeu. Elles permettent aussi d’explorer, voire de pulvériser avec causticité les codes et autres bonnes manières (L’Ange exterminateur, Le Charme discret de la bourgeoisie). Parfois le repas se fait moment de grâce, de communion, de célébration de la vie (Les Gens de Dublin, Le Festin de Babette, Le Goût du riz au thé vert, Le Déjeuner du 15 août, Still Walking). 

    Relevant à la fois de l’intime et du collectif, l’acte de manger engage notre rapport au vivant et dit notre manière d’être au monde. À la croisée de nos pulsions de vie et de mort, entre besoin vital, raffinement, jouissance, excès et débordements (comme dans La Grande Bouffe où il s’agit de manger jusqu’à en mourir), notre rapport à la nourriture ordonne le monde et nous situe dans la vie à travers des règles, des limites, des seuils qu’on s’invente, quitte à les déplacer ou les transgresser. Ce n’est peut-être pas un hasard si par « régime », on entend aussi bien une conduite alimentaire individuelle qu’un ordre politique. Une affaire de constitution en somme.

    Une programmation élaborée par Zeynep Jouvenaux

    EN PARTENARIAT AVEC : ARTE / SCREEN MANIA / LES INROCKUPTIBLES / RADIO NOVA / FILMDECULTE / LA BELLE ASSIETTE