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    Documentaire sur Grand Ecran
    Documentaire sur Grand Ecran © D.R.
    du 02 au 06 NOVEMBRE 2011

    Documentaire sur Grand Écran (saison 2011-2012)

    Terre singulièrement fertile en films documentaires, la Belgique est le champ de fouilles de la programmation proposée en novembre par Documentaire sur Grand Écran. Focus sur un cinéma artisanal et paradoxal. Social et surréaliste, politique et poétique… un cinéma du monde aussi. Signé Chantal Akerman, les frères Dardenne, mais aussi des réalisateurs disparus ou moins connus.   

    Ceci est un film belge

    Avec ce titre qui n’est pas qu’un clin d’oeil à Magritte, ce programme veut se faire l’écho d’une cinématographie qui, si elle n’a pas une identité nationale sereinement établie, a du moins une identité culturelle bien à elle. Et cela, dans le domaine de ce cinéma qui nous intéresse. Dans ce petit pays qu’est la Belgique, il existe une  véritable tradition et une école du documentaire, à la fois empreintes d’un souci du social à l’intérieur du pays, et tournées vers l’extérieur. Des regards à la fois réalistes et teintés de poésie  surréaliste. Dans cette vaste cinématographie, quelques thèmes dessinent  des paysages singuliers éclairés ici en six chapitres évidemment non exhaustifs et légèrement arbitraires. 

      

    Parmi les classiques du cinéma belge, un choix éclectique de cinéastes  disparus et de cinéastes contemporains. Le fameux film “maudit” de Paul  Meyer, Déjà s’envole la fleur maigre, qui ne gagnera qu’en 1990  sa place, majeure, dans l’histoire du cinéma. Du cinéaste du “réalisme  magique” André Delvaux, deux courts métrages (1001 films et La fanfare a cent ans). Du cinéma inclassable de Chantal Akerman, un premier film très autobiographique,Saute ma ville, et un autre qui ne l’est sans doute pas moins, Jeanne Dielman. De Benoît Dervaux, s’impose son premier film (avec Yasmina Abdellaoui), Gigi, Monica… et Bianca.    

     

    Filmer le social étant la grande affaire des cinéastes belges, le cinéma  des frères Dardenne est emblématique de ce chapitre. Et surtout l’un de  leurs premiers films, fruit d’une longue enquête sur la mémoire du  mouvement ouvrier autour de la grève de 1960, Lorsque le bateau de Léon M. descendit la Meuse pour la première fois (1979). En écho au film de Frans Buyens, Combattre pour nos droits,  réalisé dix-huit ans avant, dans la foulée de la grande grève. Un autre  regard enfin, celui, anthropologique que Karine de Villers et Thomas de  Thier posent, en 1990, sur leurs voisins (Je suis votre voisin).    

      

    Filmer l’ailleurs a longtemps consisté à accompagner l’oeuvre  colonisatrice de la Belgique. Aujourd’hui, une nouvelle génération s’aventure sur des territoires étrangers avec un regard neuf. En 2008,  Olivier Meys a filmé à Pékin la destruction sauvage d’un quartier de la  ville (Dans les décombres). Le film d’Annick Leroy, Vers la mer est une ballade politique qui raconte l’Europe. Celui de Pierre-Yves Vandeweerd, Territoire perdu,  boucle magistralement une longue série de films tournés en Afrique.  Autre démarche, celle qui accompagne décolonisations et  post-colonialisme. Une démarche récente. En 2011, l’artiste Sven  Augustijnen réalise Spectres, rouvrant l’une des pages sombres de la décolonisation du Congo belge : l’assassinat en 1961 de Patrice Lumumba.    

      

    Les grands mouvements migratoires contemporains ont porté jusqu’en  Belgique une nouvelle génération de cinéastes belges venus d’ailleurs.  Parmi eux, Comes Chahbazian dont le premier film, Ici-bas,  revient sur les lieux de son origine, Erevan en Arménie. Autre premier  film, celui de Sanaz Azari, qui retourne elle aussi dans sa ville  natale, Ispahan en Iran à la veille des élections de 2009 (Salaam Isfahan).  Pourquoi ne pas classer l’oeuvre de Boris Lehman au registre des  essais, genre prisé aussi de jeunes cinéastes ? “Ma vie est devenue le  scénario d’un film qui lui-même est devenu ma vie”, dit l’auteur de La Dernière (S)cène – L’évangile selon St-Boris. Un film tourné avec Claudio Pazienza, acteur, que l’on retrouve, réalisateur, avec l’un de ses premiers films, Sottovoce. Enfin, Olivier Smolders, questionnant, dans Mort à Vignole, le sens ultime du travail du cinéaste, contre la mort.
    Annick Peigné-Giuly 

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