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    "Un tournage à la campagne"
    "Un tournage à la campagne" © D.R.
    • SAM 23 MARS 2019 À 15:30

    Un tournage à la campagne

    de Alain Fleischer

    Documentaire l France l VOF l 1994
    90 min l Fichier Mpeg4

    À propos du film

    Un documentaire établi à l’initiative de la Cinémathèque française par Alain Fleischer d’après les rushes non utili­sés du film de Jean Renoir, Une partie de campagne. Ce montage permet de mieux comprendre la personnalité des acteurs principaux du film, ainsi que les caractéris­tiques des personnages qu’ils incarnent. Un éclairage sur Jean Renoir, maître de la direction d’acteur. 

    On va vérifier, avec Un tournage à la campagne, que le film achevé commence à l’arrivée à la campagne, et non par le voyage depuis Paris, début de la nouvelle de Maupassant. Des plans tournés qui respectaient la nouvelle de l’écrivain sont ainsi abandonnés, certains un peu plats, la charette, l’homme sur le vélocipède, les enfants avec les animaux sauvages. (...) 
    Le génie de Renoir est de construire des plans où les lignes ne sont jamais frontales – tout un jeu d’obliques qui ne figent jamais, serpentines ou sinusoïdales – et de faire que jamais un cadre ne soit fini, qui conserve une part d’inachevé, une capacité de surgissement, d’entrées et de sorties par la caméra, le fond, la droite la gauche. Tout fait surprise, même un goulot de bouteille qui surgit au premier plan, à l’occasion d’un contrechamp. Le cadre sert non pas à piéger le monde, mais à le capturer en flagrant délit de surprise. C’est le « comme si » de Renoir, comme si la caméra n’était pas là, comme s’il n’y avait pas de travail, en quoi consiste précisé­ment tout son travail. Les acteurs y trouvent leur liberté, à travers le filmage d’une espèce de vibration ou, pour utiliser une expression de Renoir, « d’air du temps », sensation qu’il est le seul cinéaste à procurer. Attentif dans la direction d’acteurs, il ne laisse pas passer une seule faute, mais ce qui lui importe, c’est d’obtenir ce ton faux d’artifice théâtral qui, mêlé à un dialogue direct, sonne comme la vérité. S’il est vrai qu’on ne filme qu’une idée et plus généralement la pensée, Renoir fonde son cinéma sur la formule shakes­pearienne. Nous sommes dans le monde comme s’il était une scène, en train d’y jouer un rôle qui est quelquefois, mais rarement, notre rôle. Improvisation apparente, spon­tanéité apparente, vérité apparente : telle est la vie, où toute vérité est vraie à un instant, et mensongère à l’autre. 
    –Jean Douchet (catalogue Entrevues Belfort, 1996) 

     

    A documentary by Alain Fleischer, at the initiative of the Cinémathèque française, is compiled from the out-takes of Jean Renoir’s film A Day in the Country. This editing gives us a greater understanding of the personalities of the film’s main actors, and the traits of the characters they play. This document gives us a wonderful insight into Jean Renoir, a master of directing actors. 

    With Un tournage à la campagne, we discover that the finished film starts with the arrival in the countryside and not with the journey from Paris, which begins Maupassant’s short story. The filmed shots that followed the author’s story were abandoned, some a little dull, the cart, the man on a velocipede, the children with wild animals… 
    The genius of de Renoir is to construct shots in which the lines are never straight-on – a whole interplay of meande­ring or sinusoidal obliques that are never fixed – and to ensure that the frame is never complete, that it keeps a unfi­nished part, a capacity for sudden appearances, entrances, exits via the bottom edge of the frame, the background, from the right or left. Everything surprises us, even the neck of the bottle that appears in the foreground in a shot/ reverse shot. The frame does not serve to trap the world but to catch its surprises red-handed. It is Renoir’s “as if”, as if the camera were not there, as if there were no work – which is exactly what all his work involves. The actors find their freedom there, through the filming of a kind of vibration or, to use Renoir’s words, “the spirit of the times”, a feeling that he is the only filmmaker to have seized. Mindful of how actors are directed, he allows no errors. What matters to him is to achieve this false tone of theatrical contrivance that, when mixed with live dialogue recording, sounds like truth. While it is true that what is filmed is only an idea and more generally thought, Renoir bases his cinema on the Shakespearian formula. We are in the world as if on a stage, acting a role that is sometimes, but rarely, our own. Apparent improvisation, apparent spontaneity, apparent truth: such is life, where all truth is true at one moment and false at another. 
    –Jean Douchet (catalogue Entrevues Belfort, 1996) 

    Précédé d'une introduction courte (5min)


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