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    "Presque un siècle"
    "Presque un siècle" © D.R.
    • VEN 22 MARS 2019 À 17:00

    Presque un siècle + Tout ce qui a une forme est appelé à disparaître

    Sélection française

    Presque un siècle

    Documentaire l France l VOF STA l 2019
    52 min l Cinéma Numérique 2K

    de Pascale Bodet

    Quiconque s’aventure à filmer les très vieux (la grand-mère de Pascale Bodet a 99 ans, presque un siècle) court le risque de voir l’oeil du specta­teur ne retenir que le pittoresque du dernier âge. Pire: qu’on trouve le film « cocasse », « tendre », « touchant ». Si Presque un siècle est un film (très) drôle et (infiniment) émouvant, ce n’est pas tant, ou pas seulement, en raison de la drôlerie de ses person­nages (Pierre, l’ami de la grand-mère, qui planifie son propre enterrement comme on organise un gala) ou de l’attention avec laquelle Pascale Bodet saisit les gestes endormis et le timbre vibrionnant d’une très vieille dame dont la vie se maintient sur un périmètre minuscule – petits efforts, petites plaintes, petits agacements. C’est parce qu’avec une innocence symétrique à celle de son person­nage, il n’en finit pas de s’interroger autant sur ce grand âge que sur la possibilité même d’en faire un film. Cela commence avec les yeux et les oreilles, comme pour s’assurer qu’il y aura bien à voir et à entendre : la grand-mère s’inquiète pour les yeux de la petite-fille, et la cinéaste en retour l’implore de bien vouloir mettre à ses oreilles ses prothèses. Derrière la caméra, la cinéaste dit « mamie », mais c’est autant une parole de petite fille que de cinéaste aux prises avec son personnage et avec son film, tous trois mis à égalité jusqu’à la douce capitulation d’un « oui mamie » en parfait point final. 
    –Olivia Cooper-Hadjian

    Anyone who ventures to film the very old (Pascale Bodet’s grandmother is 99, almost a century) runs the risk of seeing the spectator’s eye caught by the picturesque side of very old age. Worse still: the film is found to be “comical”, “tender”, “touching”. Although Presque un siècle is a (very) funny film and (infinitely) moving, its is not simply, or uniquely, due to the humorous side of its cha­racters (Pierre, the grandmother’s friend, who plans his own funeral as if organising a gala) or to the atten­tion with which Pascale Bodet films the sluggish movements and wave­ring timbre of a very old lady whose life holds on inside a tiny perimeter – small efforts, small complaints, small annoyances. It is also because, with an innocence symmetrical to with that of its character, the film constantly questions not only this great age but also the actual possibi­lity of making it into a film. It begins with eyes and ears, as if to be assured that there will indeed be something to see and hear: the grandmother wor­ries about her granddaughter’s eyes and the filmmaker, in turn, begs her to put in her hearing aid. Behind the camera, the filmmaker says “granny”, but this is as much a granddaughter’s expression as that of a filmmaker in contact with her character and her film – all three of them on equal foo­ting until the gentle capitulation of a “yes, granny” comes as a perfect close. 
    –Jérôme Momcilovic

    Tout ce qui a une forme est appelé à disparaître

    Documentaire l France l VOSTF l 2018
    16 min l Cinéma Numérique 2K

    de Pierre Carniaux

    Au sud du Japon, le volcan en érup­tion Sakurajima domine et menace de dévaster les villes avoisinantes. De là, Pierre Carniaux demande à son ami Yusuke Oba ce qui lui manquerait le plus si tout venait à disparaître. Se déploie alors la rêverie brumeuse d’un homme nostalgique d’une disparition annoncée. Sur la ville encore en mouvement, sous des regards témoins, se surimprime l’éruption, la lave. L’image brûle et prévient de l’effacement. Sous le feu, sous l’eau, la silhouette fantomatique de Yusuke accompagne la traversée d’une ville qui se dissipe, coincée entre un passé à venir et un futur déjà irradié par l’impermanence des choses. La voix vague et le visage vaporeux, le film le prend comme au réveil à la fois d’un monde en déliquescence et d’un renouveau. 

    « Les livres, lire, les amants, la mer » la voix lointaine de Yusuke énumère lentement les manques et élargie l’érosion. La lave s’étend, la destruc­tion s’accroît atteignant les rues de Tokyo et tout ce qui semble édifier sa vie « arbres, jardin, odeurs, le ciel, pollution, famille, amis ». La crête d’une vague trace un dernier chemin et englouti la ville. Reste « le senti­ment du néant » et la nostalgie d’une forme. 
    –Clémence Arrivé

     

    In southern Japan, the erupting Sakurajima volcano dominates and threatens to devastate nearby towns and cities. From there, Pierre Carniaux asks his friend Yusuke Oba what he would miss most if every­thing were to vanish. A hazy reverie then unfolds from a man who expresses nostalgia for a disappea­rance foretold. The eruption and its lava are superimposed over the city still in motion, before eye-wit­nesses. The image burns and heralds obliteration. Under fire, under water, Yusuke’s ghostly silhouette accom­panies the journey across a city that is disintegrating, trapped between a past yet to come and a future already irradiated by the impermanence of things. His voice vague and his face hazy, the film depicts Yusuke as being at the dawn of a decaying world, but also a renewal. 

    “Books, reading, lovers, the sea” Yusuke’s distant voice slowly lists what he would miss and widens the erosion. The lava spreads, the destruction grows, reaching the streets of Tokyo and everything that seems to compose his life “trees, garden, odours, the sky, pollution, family, friends”. The crest of a wave marks out a final path and engulfs the city. What remains is “ the feeling of nothingness” and the nostalgia for a form. 
    –Clémence Arrivé

    Sélection française

    Suivi d'un débat (20min)