Vivir allí no es el infierno, es el fuego del desierto. La plenitud de la vida, que quedó ahí como un árbol
59 min l Cinéma Numérique 2K
de Javiera Véliz
Totoral est une ville comme un mirage, un Brigadoon en plein désert. Quelques habitants, trop vieux pour partir, résistent au vent pour veiller les arbres et les chèvres. Vivir alli… est d’abord un film sur ce vent, qui est le grand architecte de Totoral, et dont il observe, dans de longs plans minutieux, le travail infinitésimal sur le paysage. Ces plans immenses, qui manipulent merveilleusement les distances (sujets lointains, sons au creux de l’oreille), rappellent d’abord combien les nouvelles caméras HD ont réinventé le spectacle du mouvement de la vie. Mais Javiera Véliz Fajardo ne se contente pas de cette ivresse cosmique des détails, qui donne l’impression parfois, devant le tableau burlesque et sisyphéen d’un berger lilliputien nargué par sa chèvre au milieu des dunes, de voir s’animer une luxueuse maquette. Car après tout, que peut le réalisme face à un mirage ? Vivir alli… propose, pour répondre, une invention plastique qui est aussi un retour inattendu à Méliès. La présence-absence de Totoral y devient un rigoureux protocole formel, par l’entremise de fondus enchaînés dont l’extrême lenteur fait se diluer les paysages les uns dans les autres, et naître entre eux des visions indues. L’effet est d’autant plus beau qu’on jurerait que c’est sous l’effet du vent lui-même, puissant sortilège, que les plans glissent à la surface du film. Ce n’est pas la moindre des élégances de Vivir alli… que d’inventer ainsi son propre genre – quelque chose comme : le documentaire psychédélique d’observation.
–Jérôme Momcilovic
The town of Totoral is a like a mirage, a Brigadoon in the middle of the desert. A few residents, too old to leave, defy the wind in order to care for trees and goats. Living There… is above all a film about this wind, the master architect of Totoral. In long detailed shots, the film observes the wind’s infinitesimal workings on the landscape. These immense shots, which manipulate distances splendidly ( far-away subjects, sounds heard deep in the ear), first remind us the extent to which new HD cameras have reinvented the spectacle of life’s motion. But Javiera Véliz Fajardo does not make do with the cosmic euphoria of detail, which sometimes gives the impression of a lavish mock-up come to life – as in the burlesque and Sisyphean picture of a Lilliputian shepherd taunted by his goat in the middle of the dunes. After all, what can realism do in the face of a mirage? In response, Living There… proposes a plastic invention that unexpectedly revisits Méliès. The presence-absence of Totoral becomes a strict formal device with extremely slow crossfades that dissolve the landscapes into each other and create unwarranted visions. The effect is all the more splendid as we would swear that it is under the powerful spell of the wind itself that the shots slide over the surface of the film. Not the least of the graceful aspects of Living There… is that it invents its own genre – something like: the psychedelic observational documentary.
–Jérôme Momcilovic