Taurunum Boy
70 min l Cinéma Numérique 2K
de Dusan Grubin, Jelena Maksimovic
Taurunum était le nom romain de la municipalité de Zemun, aujourd’hui rattachée à Belgrade et très fière de son club de football. Les garçons, eux, sont comme tous les garçons : gueulards, butés, nombreux. Mais ici, où règne la loi des hooligans et à travers eux d’une virilité ancestrale avec laquelle personne n’imagine négocier, ils sont un peu plus garçons encore. C’est-à-dire un peu plus partagés entre les fanfaronnades qu’impose leur imaginaire de caïds, et ce malaise fiévreux qu’ils espèrent cacher sous une apathie surjouée. Taurunum Boy saisit magnifiquement ce double visage des garçons de 13 ou 14 ans, guerriers aux joues roses terrifiés par la vie et d’ailleurs absolument pas prêts pour elle. Dušan Grubin et Jelena Maksimović en ont fait l’objet d’un théâtre à deux échelles. La première, très large, film les lieux (bateau abandonné investi pour des jeux, terrains vagues où trouver quelque chose à détruire, tribunes de foot ou cantine scolaire) comme autant d’arènes, puisque les garçons se voient gladiateurs. Le deuxième, près des visages, est celle des confessions, pressées par l’été qui vient et après quoi plus rien ne sera pareil. Le film alterne ces échelles mais dessine aussi une nette montée en puissance, depuis la fascination acquise d’avance pour cette sociabilité de petits hommes, vers le vibrato éternel des adieux à l’enfance.
–Jérôme Momcilovic
Taurunum was the Roman name for Zemun municipality, today attached to Belgrade and very proud of its football club. The boys are like all boys: loudmouthed, stubborn, numerous. But here, under the reign of hooligan law and an ancestral virility that no one dreams of challenging, they are even more boyish. In other words, a little more divided between the bravado that their kingpin imaginary requires of them, and the feverish unease that they hope to hide under an exaggerated apathy. Taurunum Boy magnificently captures this double face of the 13- or 14-year-old boys, these rosy-cheeked warriors terrified by life and in no way prepared for it. Dušan Grubin and Jelena Maksimović have made this into the object of a two-scale theatre. The very wide first scale films places (abandoned boats now taken over for games, wastelands full of things to destroy, football stands and the school canteen), all of them arenas for boys who see themselves as gladiators. The second scale, close to their faces, is that of confessions, hastened by the imminence of a summer after which nothing will be the same. The film alternates these scales but also describes a fast-growing power, shifting from the already acquired fascination for the sociability of little men towards the eternal vibrato of saying goodbye to childhood.
–Jérôme Momcilovic