Altérations / Kô Murobushi
49 min l Cinéma Numérique 2K
de Basile Doganis
« Aucune origine, aucun but, nul départ, nulle arrivée, l’heure zéro du corps ». L’image frémissante du film de Basile Doganis accompagne le corps en feu de Kô Murobushi, danseur de butō japonais, pour une lente et longue danse en suspension. D’une image à l’autre, les lumières projetées sur son corps et les vibrations sonores envoûtantes donnent le sentiment d’une traversée se déroulant dans un entre-temps, à la limite entre la vie et la mort. Le corps nu, peint, masqué, terreux ou luisant, et en perpétuelle transformation, le danseur traverse le film où se succèdent et se confondent danses et matières. Entre ces mouvements se déroule un texte, celui du danseur lui-même, une percée dans son rapport à la danse et à la vie. Il y évoque Hijikata, pionnier du butō et professeur, dont les danses se reflètent sur le danseur. Leurs gestes alors se confondent et matérialisent la transmission. Murobushi est parfois une ombre, parfois une projection, présent, absent, il semble être comme au bord d’un gouffre, retenu par les images. Les cadres participent aux altérations du corps du danseur et à son lent réveil vers la mort jusqu’à le faire retrouver sa momie, ténébreuse compagne dont les membres finissent par remplacer ceux de Murobushi. Un film-danse pour accompagner la fin d’une vie et le renouvellement d’un corps - « rien avant rien après, danser ». –Clémence Arrivé
“No origin, no purpose, no departure point, no arrival, the body’s zero hour”. The trembling image of Basile Doganis’ film accompanies the burning body of Japanese butoh dancer Kô Murobushi during a long slow dance in suspension. From one image to another, the lights projected onto his body and the spellbinding sonic vibrations give the feeling of a crossing that unfolds in a suspended out-of-time moment, on the threshold between life and death. With his naked body, painted, masked, earthy or gleaming and in perpetual transformation, the dancer moves through the film where dance and matter follow on and combine. Between these movements, a text unfolds – a text by the dancer himself, an insight into his relationship to dance and life. He evokes Hijikata, a butoh pioneer and teacher, whose dances leave their trace on the dancer. Their gestures merge and give tangible form to transmission.
Murobushi is sometimes a shadow, sometimes a projection, present, absent, he seems to be on the edge of a gulf, held back by the images. The framings heighten the deterioration of the dancer’s body and his slow awakening towards death, until he meets his mummy, a dark companion whose limbs eventually replace Murobushi’s own. A dance-film to accompany the end of a life and the renewal of a body – “nothingness before, nothingness after, dancing”. –Clémence Arrivé