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    Le mot de la programmatrice

    Le Forum des images propose une interview de la programmatrice du cycle Le fantastique espagnol, Isabelle Vanini.


    Je suis Isabelle Vanini, programmatrice au Forum des images depuis 1994... Je travaille particulièrement le cinéma d’animation et le cinéma de genre, que du bonheur !

    > Le cycle en quelques mots...
    Des années 60 jusqu'à aujourd’hui, le cinéma fantastique et horrifique espagnol s'est imposé comme le meilleur du genre en Europe. L’idée du cycle est de montrer toute la richesse et la diversité de cette filmographie, avec des films fantastiques « soft » qui peuvent plaire au grand public et des films plus horrifiques pour les amateurs du genre… 

    > Les thèmes récurrents dans les films... 
    Deux grands thèmes m’ont sauté aux yeux : la figure de l’enfant, qu’il soit terrorisé dans un orphelinat, fantôme ou lui-même monstrueux. Et ce que j’appellerais « Les spectres de l’histoire espagnole, la présence de la guerre civile et du Franquisme ».

    > Le cycle en quelques films...
    Je citerai en premier La résidence de Narciso Ibanez Serrador, qui fait l’ouverture, des raretés comme Cérémonie sanglante de Jordi Grau et La mariée Sanglante de Vicente Aranda, et bien sûr les classiques du genre comme L’échine du diable de Guillermo del Toro et L’orphelinat de Juan Antonio Bayona.

    > Le cycle en quelques réalisateurs...
    On peut citer les cinéastes cultes de lâge d’or que sont Jesús Franco (L’Horrible Docteur Orlof, Dans les griffes du maniaque), sans oublier l’une des figures du genre Paul Naschy (Le Bossu de la morgue).
    Narciso Ibanez Serrador, dit "El Chicho", a influencé toute une génération de cinéastes espagnols : il a réalisé deux films (La résidence et Les révoltés de l’an 2000) mais surtout,  des émissions de télévision, comme Historias para no dormir.
    Bigas Luna dont on présente Caniche et Angoisse et Alex de la Iglesia (Action mutante et Balada triste) bien sûr.
    Jaume Balagueró (La Secte sans nom) et Paco Plaza (Veronicà), les fameux réalisateurs des [REC].

    > Le film... le plus culte ?
    Les révoltés de l’an 2000, un cours de cinéma lui est d’ailleurs entièrement consacré, pour montrer son influence sur les cinéastes espagnols mais aussi étrangers : citons Evolution de Lucile Hadzihalilovic ou Vinyan de Fabrice Du Welz.
    On pourrait aussi citer évidemment L’esprit de la ruche de Victor Erice, autre référence majeure. Réalisé en 1973, ce film qui emprunte à un fantastique teinté d’onirisme reste atypique, mystérieux et intemporel. Sujet à de multiples interprétations et niveaux de lecture, cette œuvre majeure de Victor Erice est un vibrant hommage au film culte Frankenstein de James Whale doublé d’une critique sous-jacente de la dictature franquiste.

    > Le plus terrifiant ?
    Pour moi, Buried du jeune cinéaste espagnol Rodrigo Cortés.  C'est un film terrifiant, l'histoire d'un homme enterré vivant dans une caisse dans le désert irakien. Sans doute parce que je suis claustrophobe et que le film m’a rappelé un épisode de la série Alfred hitchcock présente qui m’avait traumatisé, plus jeune !  

    > Le plus fantastique ?
    Le labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro avec ses créatures imaginaires inoubliables que sont Pan et "Pale Man", à mettre en parallèle avec Quelques minutes après minuit de Juan Antonio Bayona !

    > Le plus insolite / le plus rare ?
    Le bossu de la morgue, réalisé par Javier Aguirre,  film de l’ âge d’or : copie Cinémathèque, rareté absolue à ne pas manquer, avec Paul Naschy, ex-culturiste reconverti dans le cinéma, adepte des rôles de lycanthrope et autre vampire. D’une violence bien marquée – le film sera interdit au moins de seize ans, et ce même après coupes –, le film se veut aussi tragique qu’horrifique. Un excellent moment de cinéma bis rétro. À découvrir.

    > Le plus bizarre ?
    Angoisse de Bigas Luna. On y retrouve Zelda Rubinstein, médium dans la trilogie Poltergeist, et Àngel Jové, acteur fétiche du réalisateur (Bilbao, Caniche, Les Vies de Loulou). C'est une superbe mise en abyme, totalement maitrisé où l'écran répond à la réalité et vice versa.

    > Le plus immanquable ?
    Datant de 1986, Prison de cristal d'Agustin Villaronga est un film purement horrifique, dans toute sa splendeur. Ce long métrage est à réserver à un public hautement averti car son contenu est particulièrement dérangeant.

    > C'est quoi le fantastique espagnol... aujourd'hui ? 
    On peut citer le nom de cinéastes qui continuent la veine horrifique « classique » comme Paco Plaza (Verónica), ou Nacho Cerda (Abandonnée). 
    Ou Nacho Vigalondo dont on a présenté le premier film Timecrimes au Forum des images il y a quelques années, en sa présence : le réalisateur s’amuse toujours avec les codes pour proposer un exercice de style toujours passionnant. Voir l’inédit Colossal que nous présentons !

    Mais j’ai envie de citer des cinéastes qui sont sur une ligne plus ténue du fantastique, comme Carlos Vermut qui a sorti cette année Quién te cantará et dont on présente le mystérieux La niña de fuego
    Ou Manuel Martin Cuenca avec l’envoutant Amours cannibales porté par le grand acteur Antonio de la Torre, et dont le dernier film, El autor est à découvrir sur Netflix.

    > C'est quoi ton film coup de cœur ?
    Je ne suis pas très « film de zombies », mais j’avoue que j’ai découvert avec beaucoup de plaisir et d’étonnement  Le massacre des morts-vivants de Jordi Grau (1974).