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    Homeland : le crime de demain passera-t-il par mon pacemaker ?

    en partenariat avec Courrier International

    Les objets connectés envahissent notre quotidien. Ils nous facilitent la vie, certes, mais ne nous rendent-ils pas vulnérables aux attaques de hackers et autres pirates ? Tentative pour cerner la menace, avec la série américaine Homeland.


    Chronique d’un meurtre programmé

    “Walden a le cœur fragile, nous avons besoin d'une séquence de chiffres pour hacker son pacemaker, via une connexion sans fil.
    - Vous vous foutez de moi ?
    - Pas du tout.”



    Homeland - © Collection Christophel - 2011 Showtime Networks Inc

    Ce dialogue est tiré de la deuxième saison d’Homeland, la série d’espionnage américaine. Dans le dixième épisode, Brody, l’agent double au centre de l’intrigue, est chargé par Abu Nazir, le leader des terroristes, de trouver la clé numérique qui mène au pacemaker du vice-président des Etats-Unis. Quelques instants plus tard, une fois la combinaison transmise, un hacker reprogramme le pacemaker et William Walden s’effondre, terrassé par une crise cardiaque, tandis que Brody lui murmure à l’oreille : “Vous ne saisissez toujours pas, n’est-ce pas ? C’est moi qui vous tue.”

    Tiré par les cheveux ? Pas tant que ça. Certes, les premiers commentaires sur les réseaux sociaux s’interrogeaient sur la crédibilité de cette scène, tournée en 2012. Elle semble tout droit sortie d’une théorie du complot. Mais elle paraît de plus en plus réaliste. Et ce sont les agences de sécurité qui nous le disent.
     

    Connexion à hauts risques
    D'où vient la menace ? De ces objets connectés qui se multiplient dans notre quotidien : montres, vêtements, thermostats, maisons, voitures, mais aussi capteurs biologiques, pompes à insuline et même… pacemakers. De fait, les scénaristes d’Homeland semblent avoir eu le nez creux - ou de bons conseillers au scénario. En 2013, l’émission américaine 60 minutes a révélé que le vice-président Dick Cheney avait subi six ans plus tôt une intervention pour sécuriser son pacemaker. Le but : empêcher l'appareil de communiquer à distance avec d’autres dispositifs, afin de prévenir une attaque “à la Homeland”.


    Homeland © Collection Christophel - 2011 Showtime Networks Inc

    Le dernier rapport sur le crime en ligne publié par Europol, l’Office européen de police, en septembre 2014, rappelle que “les maisons, les voitures et les villes intelligentes (smart cities) fonctionnent avec des logiciels qui peuvent être piratés et qui sont souvent conçus en dépit de toute considération de sécurité”. Premier risque avéré, le vol de données personnelles. Mais le rapport va plus loin : la multiplication des objets connectés à Internet pourrait favoriser “de nouvelles formes de chantage et d’extorsion”, mais aussi “la possibilité d’infliger des blessures physiques, voire la mort”.

    Mais nous, particuliers, que devons-nous faire ? Que nous le voulions ou non, nous vivons dans un monde peuplé où abondent ces objets communicants. Devons-nous, à l'instar de Dick Cheney, renoncer aux objets connectés, en particulier quand ils contrôlent directement notre santé ? Ou faut-il développer des réseaux de plus en plus sécurisés, sur lesquels ces données sensibles pourraient transiter ?

    Virginie Lepetit, Courrier international 
    @lepetit_peuple