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    Cinéma ville - juillet 2012

    Un air de vacances

    Quitter Paris, un peu, beaucoup, passionnément… pas du tout ? Avec l’été, ces questions se posent à nos héros de cinéma, qu’ils soient fauchés ou hésitants comme dans les films d’Éric Rohmer, happés par la nostalgie des lieux perdus dans les oeuvres de Guy Gilles, célibataires à Paris, fatigués ou heureux en famille.

    L’école est finie, les théâtres ferment, les autoroutes s’encombrent. Il n’est pourtant pas donné à tous de partir loin de Paris, les deux enfants de Bobigny dans Fais-moi des vacances de Didier Bivel en font rapidement les frais quand le voyage se heurte aux réalités économiques. Mais l’imagination, déjà, va les aider à dépasser leur échec. Le réalisateur autodidacte Joseph Morder en prend son parti, filmant dans ses Mémoires d’un juif tropical, l’été parisien comme la saison tropicale d’un pays tempéré”, engageant un voyage dans sa mémoire, un “périple se situant dans la poussière du temps”. La découverte de son quotidien filmé lui ouvre les yeux. Une nouvelle poésie s’installe pour celui qui sait regarder. Annie (J’ai horreur de l’amour), Chloé (Chacun cherche son chat) ont beau écouter Joe Dassin, s’habiller “glitter” et se forcer à paraître heureuse en soirée, elles ont des difficultés à effectuer ce “voyage” vers le bonheur. Leur solitude parisienne apparaît plus flagrante encore en ces temps estivaux.


    Une partie de campagne


    L’été, les départs et les chassés-croisés entretiennent l’imaginaire des rencontres. En cherchant le lieu idéal de vacances, Delphine ne poursuit-elle pas dans Le Rayon vert son idéal amoureux ? Magique et unique comme cet éphémère éclair. Pour Henriette (Une partie de campagne), la Parisienne quittant Paris le temps d’un après-midi, un bref moment de grâce constituera le souvenir de toute une vie. La quête et la perte marchent d’amble. “Adieu l’amour, tu n’es plus de saison”, fredonne une radio dans un café qui réunit la jeune Parisienne et son marin de L’Amour à la mer, comme une prémonition d’une séparation à venir. “Je me souviens que j’allais te rejoindre, moi qui déteste les voyages”, écrit avec douleur Laetitia Masson dans Je suis venue te dire. De son côté, Pierre (Clair de terre) quitte une amie qu’il ne reverra plus pour partir sur les traces de son enfance, “pour changer de décor, surtout quitter Paris”. D’une certaine façon, Guy Gilles en personne incarnant un marin dans L’Amour à la mer, apporte une réponse au malaise diffus de Pierre. “J’ai quitté Paris, je ne veux pas y vivre, c’est trop dur”, commence-t-il. “Il y a eu un petit déclic. C’est à ce moment-là que j’ai cessé d’être un enfant.”


    Sous le soleil exactement


    Où partir pour trouver le lieu qui apporte des réponses ? “Sous le soleil exactement, pas à côté, pas n’importe où, exactement juste en dessous” pourrait-on dire en citant Gainsbourg. Delphine tergiverse, entre mer et campagne et quelques retours à Paris. Mais Ferdinand Griffon (Pierrot le fou) quitte la capitale sans regrets avec ces mots. “De toute façon, c’était le temps de quitter ce monde dégueulasse et pourri. Nous sortîmes de Paris par une voie unique. Reconnaissant deux des siens, la statue de la liberté nous adressa un salut fraternel.” Un vent de liberté souffle sur l’été…